La direction d’Aigle Azur est en ébullition. Après l’annonce de l’éviction de Frantz Yvelin de la tête de la compagnie et de son remplacement par Gérard Houa en tant que président et Philippe Bohn en tant que directeur général le 26 août, les autres actionnaires sont montés au créneau et réfutent la légalité des événements. David Neeleman (qui détient 32% de la compagnie), a indiqué dans un email à son avocate, lu par l’AFP : « Je n’ai pas licencié Frantz Yvelin, qui est toujours président d’Aigle Azur et je démens le pouvoir et les allégations de Gérard Houa », ainsi que la nomination de Philippe Bohn. Selon lui, l’actionnaire principal, le groupe HNA (49%), est également opposé à ce qui apparaît désormais comme le putsch d’un actionnaire isolé.
L’affaire devrait se terminer devant la justice. David Neeleman annonce son « intention d’engager une action judiciaire contre M. Houa pour usurpation de la présidence d’Aigle Azur, perturbation des opérations et menaces pour les chances de survie de la compagnie ».
Gérard Houa possède Lu Azur, qui détient 19% du capital de la compagnie française. Son action fait suite à l’annonce au début du mois qu’Aigle Azur envisagerait un accord avec Vueling pour lui céder une partie de ses activités au Portugal et que la compagnie était en danger à long terme.
Frantz Yvelin était arrivé à la tête d’Aigle Azur il y a deux ans et a engagé la compagnie dans de grands changements stratégiques, réalisant son aspiration à se lancer sur le long-courrier et travaillant à réduire la dépendance de la compagnie au réseau algérien en lançant de nouvelles lignes (Berlin, Moscou, Milan). Les liaisons vers Pékin et Sao Paulo n’ont pas rencontré le succès escompté et Sao Paulo subira cet automne le même sort que Pékin et sera suspendue. Selon les soutiens de Gérard Houa, la compagnie a perdu 50 millions d’euros depuis novembre 2017.
La tâche de Frantz Yvelin était devenue plus ardue ces derniers mois et il expliquait récemment qu’il devait se battre contre la majorité de ses actionnaires.