Corsair a décroché un plan de sauvetage de 300 millions d’euros, qui va venir renforcer ses fonds propres et sa trésorerie. Négocié depuis plusieurs semaines, un accord a été conclu entre la compagnie française, un consortium d’investisseurs et l’Etat le 26 novembre, permettant la mise en place d’une solution de financement collectif qui soutiendra la compagnie dans sa restructuration et l’élaboration de son plan stratégique pour sortir de la crise.
Le consortium d’investisseurs s’est formé autour des personnalités que sont Eric Kourry et Patrick Vial-Collet et rassemble des entrepreneurs du tourisme et de l’hôtellerie des Antilles, de Guyane et de La Réunion, et des collectivités territoriales. Il va acquérir 100% du capital de la compagnie : le projet de désengagement envisagé par le groupe TUI aboutit donc et Intro Aviation, qui avait investi dans Corsair en mars 2019, quitte l’aventure de façon anticipée. L’Etat a encadré les négociations et accordé des prêts pour accompagner la restructuration.
L’objectif de ce plan de sauvetage est de maintenir le niveau de la concurrence sur les dessertes des départements et régions d’Outre-mer. Par ailleurs, la position de Corsair pourrait se trouver renforcée, vu l’ancrage ultramarin de ses investisseurs, grâce à des apports additionnels d’activité.
Le plan doit encore être approuvé par le tribunal de commerce de Créteil pour une finalisation d’ici la fin de l’année. Le soutien gouvernemental doit également être validé par la Commission européenne.
La restructuration est quant à elle déjà bien engagée. En raison de la crise qu’elle traverse, comme tout le secteur, Corsair a dû très rapidement prendre des mesures pour réduire ses coûts. Elle a notamment dénoncé les 134 accords collectifs en vigueur avant la crise pour les remplacer par un accord unique par catégorie de personnel, permettant de gagner en productivité et en simplicité, donc en performance. « Il est indispensable de prendre des mesures de restructuration à la mesure de la crise. Corsair sera ‘fit’ pour le monde de demain », avait déclaré Pascal de Izaguirre, son PDG, la semaine dernière, à l’occasion d’une intervention au Paris Air Forum, organisé par La Tribune.
La compagnie est également en plein renouvellement de sa flotte, un processus engagé bien avant la pandémie avec le soutien d’Intro Aviation et auquel souscrivent les nouveaux investisseurs. Alors que la crise a accéléré le retrait des trois Boeing 747-400 de la flotte, celle-ci se prépare à accueillir cinq Airbus A330-900 (photo), dont quatre en 2021 (en avril, mai, juin et décembre). Le cinquième sera intégré en juin 2022. Elle a déjà reçu deux A330-300 (précédemment exploités par Aeroflot) cette année, qui devaient pallier le départ d’un A330-200 et des 747.
Dans l’immédiat, Corsair va recentrer son positionnement sur l’Outre-mer, d’autant que les marchés américain et canadien restent fermés. De nouvelles destinations devraient venir étoffer son réseau (actuellement organisé autour de la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, et Abidjan), notamment Mayotte à partir du 11 décembre.