Le gouvernement italien se retrouve de nouveau seul avec Alitalia sur les bras. Ferrovie dello Stato a décidé de se retirer du projet de reprise de la compagnie italienne. « Pour nous, cette procédure est close, nous sommes sortis de l’opération », a déclaré Gianfranco Battisti, le président de la société gérant les chemins de fer italien, devant la commission Transports de la Chambre des députés italienne.
Ferrovie dello Stato (FS) suit ainsi le chemin ouvert par Atlantia en novembre. Celui-ci avait annoncé que les conditions pour la reprise d’Alitalia par le consortium qu’il devait former avec FS et Delta n’étaient pas réunies et qu’il ne pouvait pas y prendre part, achevant de précariser une union qui paraissait déjà peu stable.
En grandes difficultés financières depuis plusieurs années, Alitalia se trouve sous administration extraordinaire depuis 2017, après que ses salariés ont rejeté un plan de relance présenté par Etihad qui comportait 1 700 licenciements. Depuis, la compagnie survit grâce aux injections de cash du gouvernement. Après la défection d’Atlantia, la compagnie a obtenu un nouveau sursis pour présenter un plan de relance (jusqu’au 31 mai) et un nouveau prêt de 400 millions d’euros, qui vient s’ajouter au prêt initial de 900 millions d’euros. Non seulement cette situation ne peut pas se pérenniser mais elle est également sous la surveillance de l’Union européenne, qui a déjà ouvert une enquête.
Pendant ce temps, Alitalia continue de perdre 300 millions d’euros par an (selon ses administrateurs) et de céder du terrain à ses concurrentes en Italie. Selon le Corriere della Sera, elle va également réduire sa flotte cette année et passer sous la barre de la centaine d’appareils d’ici la fin de l’année, avec le retrait prévu de deux A330, quatre A320, deux A321 et de son 777-300ER. Et alors que son activité se réduit peu à peu, ses effectifs restent inchangés. Au cours d’une grève organisée en décembre pour demander un projet industriel pour la compagnie, ses syndicats ont réclamé « une vraie relance et garantissant investissements et croissance, sans sacrifices sur le plan de l’emploi ».
Dans ces conditions, les repreneurs potentiels ne se bousculent pas. FS et Atlantia voulaient rester des partenaires minoritaires de la compagnie et s’adosser à un partenaire industriel. Celui-ci a été trouvé en Delta Air Lines, qui était prête à investir 100 millions d’euros et prendre 10% de la compagnie – mais voulait limiter son développement en Amérique du nord, selon Atlantia. FS avait par ailleurs contacté en vain une trentaine d’acteurs financiers. De son côté, Lufthansa avait également manifesté un intérêt pour Alitalia mais demandait une stricte restructuration et n’a finalement proposé qu’un partenariat commercial.