Les années de discrétion de Finnair sont passées. La compagnie finlandaise a entamé sa transformation de façon éclatante en recevant les premiers A350 européens en 2015 et travaille désormais à l’accroissement de son réseau, à l’amélioration de ses performances et la croissance de son chiffre d’affaires. L’objectif est ambitieux : les recettes doivent s’accroître de 500 millions d’euros entre 2017 et 2019. C’est ce qu’a annoncé Pekka Vauramo, le CEO de la compagnie, lors de la présentation des résultats annuels. « C’est l’objectif sans lequel l’investissement pour les A350 ne sera pas rentabilisé », explique Javier Roig, le directeur de la compagnie pour l’Europe du sud.
Finnair a en effet dix-neuf A350-900 en commande, dont sept ont déjà été livrés. Quatre appareils supplémentaires sont attendus en 2017, qui permettront la poursuite de la modernisation de la flotte. Les A340-300 ont ainsi déjà été sortis – les quatre derniers ont d’ailleurs été revendus à Airbus-, le dernier vol régulier avec le quadriréacteur ayant été réalisé au mois de janvier. Les retards de livraison des A350 ont toutefois entraîné des surcoûts pour la compagnie, qui a dû recourir à du leasing pour garantir ses opérations et planifier différemment les périodes de formation de ses équipages, entraînant quelques perturbations dans le programme de vols en fin d’année dernière. Mais Finnair reste satisfaite de sa commande grâce aux performances de sa nouvelle flotte en termes de consommation carburant notamment.
Un taux de croissance similaire à 2016 en 2017
Pour atteindre son objectif, Finnair vise un taux de croissance similaire à celui de 2016 pour 2017, c’est-à-dire, une augmentation de 8 à 10% de ses capacités. Pour cela, elle compte sur l’introduction de ses A350 mais a aussi décidé de prolonger le service de deux A330 qui devaient être retirés au premier semestre 2017. Par ailleurs, le réseau moyen-courrier va être densifié grâce à l’introduction de six A321 cette année, dont le premier a été livré en février. Cela permettra notamment d’ouvrir une ligne sur Reykjavik.
Sur le long-courrier, le réseau va être renforcé sur les Amériques, avec le lancement de nouvelles lignes vers San Francisco, Puerto Plata, La Havane et Puerto Vallarta. Mais l’essentiel de la stratégie repose sur la position d’Helsinki, qui se trouve sur la route entre l’Europe et l’Asie, donc sur le transport des passagers entre les deux continents. Par exemple, la desserte de Tokyo va passer de sept à onze fréquences hebdomadaires cet été et Goa devrait être introduite au réseau l’hiver prochain.
Les prochains développements auxquels la compagnie travaille sont la desserte d’Honolulu (qui reste dans le rayon d’action de l’A350 depuis Helsinki) et, surtout, le renforcement de sa position en Chine. L’objectif premier est de doubler les fréquences sur Shanghaï – une destination particulièrement intéressante car la classe affaires se vend très bien. Pour cela, Finnair (et oneworld) est à la recherche d’une compagnie partenaire dans le pays.
Tout ceci sera soutenu au sol par l’agrandissement de l’aéroport d’Helsinki, dont les travaux ont déjà commencé et devraient s’achever à la fin de l’année.
Une amélioration des services devrait également venir soutenir l’opération séduction de la compagnie, par exemple par l’installation du wifi sur toute la flotte long-courrier d’ici le mois de mai puis sur toute la flotte moyen-courrier par la suite. Le développement des recettes annexes (comme le catering payant en classe économique sur les vols européens) est également visé.
La France désaffectée par les passagers asiatiques mais plus performante
En ce qui concerne la France, le bilan reste le même que ces derniers mois : la destination est désaffectée par les passagers asiatiques, surtout japonais, qui se reportent sur l’Europe du nord et l’Europe du sud. Ainsi, le trafic a baissé de 19% en France. Mais, comme Javier Roig nous l’avait déjà expliqué, cela a eu pour effet de libérer davantage de sièges pour les passagers français, dont le trafic a augmenté de 11%. Et finalement, le chiffre d’affaires en France a gagné 10% : « nous avons vendu un petit peu plus cher ». L’objectif pour 2017 est d’augmenter d’autant le chiffre d’affaires en 2017.
Sur son réseau, Javier Roig a deux priorités pour les nouvelles destinations à ouvrir : Lisbonne puis Lyon. Mais il a également un nouveau produit à promouvoir : la desserte de la Laponie (Kittila) en direct et en régulier depuis Paris entre la mi-décembre et la mi-mars.
Finnair veut se donner les moyens de participer à la consolidation en Europe
Toujours un petit peu à part, la compagnie a toutefois une nouvelle crainte, que son chairman Klaus Heinemann a fait connaître le 16 mars, celle de rester isolée. « Il y a un autre sujet que je voudrais aborder, c’est la préparation de Finnair au mouvement de consolidation. Lorsque cette consolidation atteindra l’Europe du nord, nous n’aurons pas les moyens d’y participer de façon significative pour le bénéfice de la Finlande et de ses industries. Il existe un réel danger que Finnair soit encore plus marginalisée par une concurrence qui en sortirait renforcée. Je pense vraiment que le gouvernement devrait envisager une option pour modifier la structure actionnariale de Finnair pour réduire les risques de marginalisation. »