Le suivi médical des pilotes va devoir être réformé. C’est ce que préconise le BEA dans le rapport final de l’enquête sur la catastrophe de Germanwings, publié le 13 mars. S’ensuit une liste de recommandations portant sur des mesures, dont certaines sont déjà en cours d’élaboration dans les bureaux de l’agence européenne de sécurité aérienne (AESA).
L’une d’elles stipule que les organismes de santé et de sécurité (OMS, AESA, IATA, ministère des Transports allemand et conseil de l’ordre des médecins) réfléchissent à une règle sur la levée partielle du secret médical. Elle obligerait les médecins à informer les autorités « lorsque la santé d’un patient a de forts risques d’affecter la sécurité publique. »
Le copilote responsable de la catastrophe du 24 mars 2015 avait en effet connu un premier épisode de dépression en 2008-2009, qui aurait pu entraîner la perte de son certificat en cas de rechute. Celui-ci est survenue en 2014. Le BEA indique en effet que des symptômes avaient été détectés pouvant révéler « un épisode dépressif psychotique », justifiant la prescription d’antidépresseurs. Mais aucun examinateur aéromédical n’a alors été contacté.
En mars 2015, un médecin généraliste a recommandé une entrée en hôpital psychiatrique tandis qu’un psychiatre prescrivait de nouveau un traitement comprenant antidépresseurs et somnifères. Là encore, aucune information n’a été transmise aux autorités, secret médical oblige.
Par ailleurs, tous les arrêts de travail n’avaient pas été transmis à Germanwings. Un signe, selon le BEA, de la « réticence des pilotes à déclarer leurs problèmes et à solliciter une assistance médicale par crainte de perdre leur licence. […] Ces questions sont particulièrement pertinentes pour les pilotes en raison de l’investissement financier élevé et de l’attractivité liés à leur profession. » Une autre recommandation consiste donc à encourager les compagnies à « mettre en place des mesures destinées à atténuer les risques socioéconomiques liés à une perte de licence pour raisons médicales. »
Enfin, une autre des onze recommandations émises par le bureau d’enquêtes est de définir des conditions particulières de suivi des pilotes avec des antécédents de troubles psychologiques lorsqu’ils sont déclarés aptes à voler.
Le 24 mars 2015, Andreas Lubitz avait volontairement provoqué l’accident d’un A320 de Germanwings réalisant la liaison Barcelone – Düsseldorf. Profitant que le commandant de bord se soit momentanément absenté du cockpit, le copilote avait réglé les instruments de vol de façon à ce que l’appareil entame une descente jusqu’à ce qu’il s’écrase. Durant tout le temps de la descente, il n’a répondu ni aux appels du commandant de bord à lui ouvrir la porte du poste de pilotage ni à ceux des contrôleurs. L’A320 s’est écrasé à Prads-Haute-Bléone avec 150 personnes à son bord.