Bien que le gouvernement allemand semble s’orienter davantage vers un partage de l’activité d’Air Berlin, Hans Rudolf Wöhrl a annoncé avoir formulé une offre pour la totalité d’Air Berlin dans sa situation au 31 décembre 2016. L’homme d’affaires allemand, fondateur du groupe Intro Aviation, évalue la compagnie allemande à 500 millions d’euros.
« Nous ne voulons pas faire une bonne affaires, nous ne voulons pas d’un accord à un euro. Non, nous voulons tenir ma promesse de préserver la superbe Air Berlin et les nombreux emplois », explique-t-il dans un communiqué publié sur Facebook.
Hans Rudolf Wöhrl a donné quelques détails de sa proposition. Ayant rassemblé des investisseurs autour de lui, il est possible de verser un premier acompte de 50 millions d’euros, suivi de plusieurs versements jusqu’à 450 millions d’euros. Si la proposition est de 500 millions, il souligne qu’en cas de surenchère, le consortium a les capacités de monter son offre jusqu’à 600 millions d’euros.
Par ailleurs, il affirme que le plan de redressement d’Air Berlin proposé par Intro Aviation peut être mené à bien sans soutien autre que ceux déjà obtenus. En revanche, il appelle les autres compagnies allemandes potentiellement intéressées par le groupe (Lufthansa, Condor, TUI et Germania) ainsi que Niki Lauda à s’associer à son projet.
Là encore, il a présenté les premières mesures qui seraient mises en place dès le 1er novembre si son offre était acceptée. Air Berlin conserverait sa marque et ses liaisons intérieures les plus importantes, notamment au départ de Berlin et de Düsseldorf. Les appareils qui ne seraient pas nécessaires au maintien d’un programme de vols stables seraient proposés à des partenaires ou d’autres compagnies sous contrat ACMI ou charter. Des économies seraient recherchées au niveau des contrats de leasing, des intérêts et autres obligations, ce qui permettrait d’assurer le programme été. En ce qui concerne l’aspect emploi, « il en résulte que la société sera de nouveau en croissance et aura donc besoin d’au moins la totalité de son personnel actuel. »
Une alternative à un découpage par Lufthansa
La date limite pour le dépôt des offres de reprise du groupe Air Berlin est fixée au 15 septembre, soit un mois exactement après l’annonce de sa faillite, due au refus d’Etihad d’injecter davantage d’argent à perte dans la compagnie. Depuis, les négociations vont bon train. Lufthansa s’était positionné dès le premier jour : ne pouvant pas reprendre le groupe dans sa totalité en raison du monopole qui en résulterait, il a fait connaître son intérêt pour les actifs les plus précieux d’Air Berlin, à savoir ses créneaux à Berlin et Düsseldorf, 90 de ses appareils et Niki. D’ailleurs, selon l’agence Bloomberg, qui cite une source proche des négociations, Lufthansa et le groupe TUI pourraient s’être déjà entendus pour se partager les quatorze appareils que TUI loue à la compagnie autrichienne.
La proposition de Hans Rudolf Wöhrl – qui n’est d’ailleurs pas étranger à l’activité d’Air Berlin puisqu’il lui a vendu Deutsche BA et LTU – vient également faire contrepoids à l’omniprésence de Lufthansa que semblent ressentir les acteurs gravitant autour de la reprise d’Air Berlin. Michael O’Leary, CEO de Ryanair, a ouvertement dénoncé le processus engagé, estimant que le gouvernement allemand avait l’intention de laisser Lufthansa asseoir son monopole sur le marché domestique allemand et que les négociations étaient biaisées. Initialement désireux de faire une proposition, Michael O’Leary a finalement renoncé : « seul Lufthansa a des négociations. […] Cela ne sert à rien de les intégrer, l’accord est conclu et sera officialisé mi-septembre », a-t-il déclaré la semaine dernière.
Niki Lauda avait lui aussi dénoncé le processus mais a décidé de tenter sa chance. Il a indiqué qu’il ferait une proposition pour récupérer Niki, qu’il a fondée en 2003, après vérification des comptes et si cela en valait la peine. Verdict vendredi.