L’industrie mondiale du transport aérien ne s’est jamais aussi bien portée. La 72e assemblée générale annuelle de l’Association du transport aérien international (IATA) qui se tient cette année à Dublin confirme une tendance qui avait démarré avec les compagnies américaines il y a maintenant deux ans.
Le transport aérien mondial va générer, pour la deuxième année consécutive de son histoire, une rentabilité sur le total des capitaux investis (ROIC) positive, c’est-à-dire qu’il produira directement plus de richesses que jamais au regard du coût du capital.
Pour son Président Tony Tyler, bientôt remplacé par Alexandre de Juniac (Air France – KLM), si « les compagnies aériennes ont toujours été un moteur de prospérité, elles ont aussi eu des difficultés à être rentables et à offrir des récompenses aux investisseurs ». Le transport aérien est depuis des décennies l’une des industries affichant les taux de marge les plus faibles. « Mais maintenant les choses sont en train de changer ».
Brian Pearce, économiste en chef de l’IATA, précise aussi que cette nouvelle tendance est d’autant plus remarquable que la conjoncture économique mondiale est encore plutôt fragile (2-3% de croissance), impactée par la situation économique de pays comme l’Inde, la Chine, le Brésil ou encore la Russie.
L’IATA prévoit ainsi cette année un résultat positif cumulé de l’ordre de 39,4 milliards de dollars pour un ROIC flirtant avec les 10% (9,3% en 2015, seulement 5,9% un an plus tôt). L’Amérique du Nord continue à dominer le transport aérien mondial en terme de rentabilité (10,8%), l’Afrique restant de son côté à la traîne avec un bilan négatif de l’ordre de 3,5%. La poursuite de l’amélioration des effets des politiques de couverture va ainsi faire baisser la part des dépenses de carburant à 127 milliards de dollars (sur une base 55,4 dollars le baril), réduisant pour la première fois sa part à moins de 20% du total des coûts opérationnels des transporteurs aériens, ce qui n’était pas arrivé depuis 2004.
Brian Pearce a également précisé que le taux de remplissage de rentabilité des compagnies aériennes allait conserver sa tendance baissière (effet couverture, amélioration de compétitivité, développement des recettes auxiliaires, des services), alors qu’en même temps le taux de remplissage moyen des appareils poursuivait sa croissance, un phénomène positif qui sera particulièrement marqué en Europe cette année.
L’association mondiale du transport aérien a aussi annoncé que 1900 nouveaux avions de ligne allaient venir renforcer la flotte mondiale cette année (la moitié pour renouveler la flotte), apportant plus d’efficacité en termes de consommation de carburant, mais nécessitant aussi des investissements particulièrement lourds. Compte tenu de la très nette amélioration de la rentabilité des compagnies aériennes, le retour sur les capitaux investis devrait rester à un niveau record. « Ces deux années sont positives pour notre industrie, mais ça devrait être la règle et non l’exception » poursuit Brian Pearce.
Le cargo reste cependant un important sujet d’inquiétude, Brian Pearce rappelant que le chiffre d’affaires du secteur étant équivalent à celui d’il y a 10 ans, alors que celui du transport de passagers a tout simplement doublé sur la période. Les opérateurs d’Asie-Pacifique sont toujours logiquement les plus impactés et la poursuite de la consolidation du secteur est inévitable. La stagnation des échanges mondiaux sur le plan économique continue d’influer sur le transport aérien de fret, et de façon tout aussi parallèle, sur les recettes des classes à haute contribution. IATA table désormais sur une croissance de 6,2% du transport aérien de passagers (en RPK) pour 2016.