La situation des compagnies aériennes opérant au Venezuela ne s’arrange pas. Lors de son assemblée générale annuelle à Dublin, l’IATA a de nouveau appelé le gouvernement vénézuélien à autoriser le rapatriements des fonds bloqués, conformément aux accords internationaux. Mais le pays latino-américain n’est pas le seul à entraver ainsi les activités des compagnies aériennes et des difficultés similaires sont rencontrées au Nigeria, au Soudan, en Egypte et en Angola.
Au total, ce sont ainsi plus de 5 milliards de dollars qui sont bloqués dans ces pays. Le problème vénézuélien est le plus important, les compagnies aériennes cherchant à récupérer 3,8 milliards de dollars de recettes que le gouvernement rechigne à débloquer. Depuis 2003, les entreprises doivent en effet obtenir son aval pour récupérer leurs avoirs. Or depuis 2013, les autorisations ne suivent pas le rythme des demandes. Le Venezuela s’enfonçant dans sa crise économique, il n’a même autorisé le rapatriement des fonds que d’une seule compagnie en 2015.
Les compagnies aériennes ont rapidement réagi en réduisant leurs fréquences dès 2014 (date à laquelle un tiers des services vers le pays avait déjà été supprimé) mais les bénéfices réalisés sur les legs vers le Venezuela semblaient jusqu’ici suffire à les convaincre de prendre leur mal en patience et ne pas quitter le pays, en attendant des jours meilleurs. Mais Lufthansa et LATAM viennent de décider de stopper l’hémorragie et suspendre leurs liaisons.
Lufthansa souligne qu’elle a désormais 100 millions de dollars bloqués dans le pays et que la situation économique et politique qui y règne a entraîné une forte baisse de la demande. Ses trois vols hebdomadaires vers Caracas seront supprimés à partir du 18 juin. Quant à LATAM, elle a indiqué qu’elle ne se rendrait plus au Venezuela à compter du mois d’août.
Le Nigeria a commencé à suivre la même voie au second semestre 2015 mais les autorités semblent plus enclines à la collaboration et recherchent des solutions avec les compagnies aériennes. Malgré tout, 600 millions de dollars restent bloqués dans le pays africain.
« Les fonds bloqués sont un problème dans un groupe hétérogène de pays, dont certains font face à des difficultés économiques importantes, notamment à cause de l’effondrement de leurs revenus pétroliers. Mais il est une chose que ces cinq pays ont en commun, c’est le besoin urgent d’une connectivité solide, qui est gênée par la difficulté que rencontrent les compagnies à rapatrier leurs fonds », a commenté Tony Tyler, l’ancien directeur général de l’IATA.