La décision du gouvernement indien d’engager la privatisation d’Air India et la déclaration d’intérêt d’IndiGo fin juin ont poussé cette dernière à clarifier ses projets à ce sujet plus tôt que prévu. Rahul Bhatia et Rakesh Gangwal, les deux fondateurs de la low-cost indienne, ont donc organisé une conférence le 6 juillet pour expliquer la position d’IndiGo sur le dossier. Celle-ci est assez claire : IndiGo est intéressée par les opérations long-courrier d’Air India, qu’elle compte transformer en opérations low-cost, et par sa filiale Air India Express.
IndiGo est actuellement une compagnie low-cost majoritairement domestique, qui ne compte que sept destinations internationales (Katmandou, Mascate, Doha, Singapour, Bangkok, Dubaï et Sharjah). Elle exploite une flotte de 135 A320 (dont 22 A320neo) qui lui a permis de conquérir plus de 40% du marché intérieur indien. La compagnie voit encore un énorme potentiel sur ce marché puisqu’elle détient également des commandes sur 388 A320neo, vingt A321neo et cinquante ATR 72-600 pour le développer – elle participe pour cela au plan du gouvernement dans le transport aérien qui a pour but d’améliorer la connectivité en Inde et désenclaver les régions.
Désormais, elle compte s’appuyer sur son réseau domestique pour lancer et nourrir des opérations low-cost long-courrier. Un projet qu’elle mûrit depuis longtemps et qui se réalisera avec ou sans Air India, même si le rachat lui permettrait d’accélérer la cadence : « cela nous permettrait d’entrer rapidement sur des marchés restreints voire fermés » et d’en devenir directement un acteur majeur.
Car une éventuelle reprise de la compagnie nationale ne se fera pas à n’importe quelles conditions. Tout d’abord, IndiGo n’est pas intéressée par tout le portefeuille d’activité du groupe, qui s’étend à la maintenance, au charter ou encore à l’hôtellerie. Par ailleurs, elle ne compte pas non plus s’embarrasser de sa dette, qui avoisine les 7,7 milliards de dollars. Autant de fardeaux qu’elle ne se sent pas capable de gérer efficacement. En revanche, elle est prête à affronter la restructuration qu’implique la reprise des opérations internationales.
Et cette restructuration est de taille puisque, comme l’affirme Rakesh Gangwal, « si nous prenons place sur ce marché, nous le ferons avec un modèle low-cost », celui dont l’avenir est assuré selon lui. L’idée est simplement de proposer une alternative qui ramène les passagers sur les vols d’une compagnie indienne : « le succès ne dépend pas du développement de ses marchés internationaux. En fait, nous allons prendre des passagers qui réalisent leur correspondance dans un hub international ou voyagent sans escale à un prix élevé pour les faire voler sur nos vols directs à bas coûts. »
Rahul Bhatia rejoint son associé sur ce point en expliquant que « l’Inde fait partie des opportunités les plus inexploitées du transport aérien international et que le pays n’a pas la part de marché qui devrait lui revenir sur le long-courrier. En réalité, les hubs internationaux de l’Inde sont situés hors de l’Inde ». On le sent, « dès le premier jour, il s’est agi principalement des opérations internationales », souligne Rahul Bhatia.