Air France va pouvoir consolider ses fondations. Le conseil d’administration du groupe Air France-KLM et la Commission européenne ont approuvé un plan de recapitalisation de la compagnie française pour un montant maximal de 4 milliards d’euros. Il prévoit une augmentation de capital et la conversion d’un prêt de l’Etat français en un instrument obligataire hybride et a été assorti de conditions afin de limiter la distorsion de concurrence qu’il pourrait entraîner. Air France devra notamment céder dix-huit créneaux à l’aéroport d’Orly.
Une augmentation de capital d’un montant d’un milliard d’euros va être lancée, avec une période de souscription prioritaire pour les actionnaires du groupe. L’Etat français s’est engagé à y participer mais à maintenir sa participation à un niveau inférieur à 30% du capital social et des droits de vote (contre 14,3% aujourd’hui). China Eastern va également y prendre part, en maintenant la sienne à un niveau inférieur à 10% du capital social. Delta Air Lines en revanche restera en retrait – liée par les modalités de la loi CARES -, ainsi que le gouvernement néerlandais.
Par ailleurs, le plan de restructuration prévoit la conversion intégrale du prêt direct de 3 milliards d’euros accordé en mai dernier par l’Etat français à Air France (via Air France-KLM) en un instrument obligataire hybride à durée indéterminée. La compagnie améliorera ainsi ses fonds propres et la flexibilité de son profil de remboursement obligatoire de la dette.
Pour obtenir l’approbation de la Commission européenne, le groupe a dû consentir à plusieurs conditions, notamment celle, très controversée en France, de la cession de créneaux de décollage et d’atterrissage à l’aéroport d’Orly. Ainsi, dix-huit créneaux quotidiens devront être cédés à un transporteur concurrent, qui devra créer ou développer une base sur place.
Par ailleurs, des mécanismes ont été mis en place pour assurer une rémunération appropriée de l’Etat pour son investissement et pour inciter Air France-KLM à racheter sa prise de participation dès que possible. Ainsi, tant que la recapitalisation n’est pas remboursée, il est interdit au groupe de verser des dividendes, des coupons non obligatoires, de racheter des actions, et la rémunération des membres de la direction est limitée (y compris le versement de bonus). Enfin, si la participation de l’Etat à la holding n’est pas suffisamment réduite d’ici six ans, un plan de restructuration d’Air France devra être notifié à la Commission européenne.
La CE souligne qu’il ne s’agit là que de la première étape du plan de recapitalisation du groupe Air France-KLM. Des négociations se poursuivent avec l’Etat néerlandais et KLM pour un plan de soutien équivalent visant à renforcer le capital de la compagnie néerlandaise.
Par ailleurs, d’autres mesures sont envisagées par le groupe pour renforcer encore son bilan. Il souhaite les prendre avant l’assemblée générale annuelle de 2022, « étant donné que les capitaux propres du Groupe resteront négatifs après cette première étape », explique-t-il. Le PGE (Prêt garanti par l’Etat) de 4 milliards d’euros accordé en mai dernier a également vu sa date d’échéance déplacée à 2023.
Air France-KLM précise qu’il estime que son résultat d’exploitation pour le premier trimestre soit négatif de 1,3 milliard d’euros en raison de la troisième vague épidémique et du maintien et du renforcement des restrictions qui pèsent sur le transport aérien. S’il est inférieur à celui du quatrième trimestre 2020, il est un petit peu meilleur que ce à quoi le groupe s’attendait au début de l’année, notamment couplé à la baisse des investissements. Il attend une reprise importante de la demande au début de l’été.