Le tribunal de commerce d’Evry a tranché et décidé de la liquidation d’Aigle Azur avec poursuite d’activité. Ce faisant, il a accordé à la compagnie un sursis et laisse jusqu’au 18 septembre aux candidats à la reprise pour peaufiner leur offre. Ces nouvelles offres seront examinées le 23 septembre et un verdict est attendu au plus tard le 27 septembre.
« C’est un dossier difficile sur le plan humain », avait jugé Sonia Arrouas, la présidente du tribunal de commerce. « Ce qui nous importe c’est de sauver un maximum d’emplois. » Or, les offres ont été jugées non satisfaisantes en l’état.
Après avoir initialement reçu quatorze manifestations d’intérêt le 9 septembre, l’avenir de la compagnie ne se jouait plus qu’entre cinq offres le 16 septembre, les trois plus importantes émanant d’Air France, du groupe Dubreuil et de Lu Azur. Les deux autres viendraient d’easyJet et de Vueling.
Air France n’avait pas détaillé sa proposition mais celle-ci semblait porter sur la reprise des activités moyen-courrier d’Aigle Azur, avec une proposition de reprise des créneaux à Orly, d’une partie de ses Airbus de la famille A320 (pour assurer les dessertes vers l’Algérie et le Liban notamment) et d’ouvrir une campagne de recrutement spécifiquement à destination des anciens personnels de la compagnie.
Le groupe Dubreuil proposait quant à lui de reprendre l’autre partie de l’activité : le long-courrier, soit deux Airbus A330-200 et, surtout, les créneaux associés pour assurer les dessertes de Mali et du Brésil, ainsi que 106 membres du personnel. Il n’était toutefois pas question pour le groupe de reprendre des employés selon leurs conditions actuelles de travail. Il envisageait plutôt la création d’un nouveau certificat de transporteur aérien et une réembauche des personnels navigants selon les conditions actuelles du marché.
Bien que les offres paraissent parfaitement complémentaires, Marc Rochet avait indiqué la semaine dernière que le groupe Dubreuil n’envisageait pas une offre commune avec Air France en raison de leur concurrence. Il avait toutefois mis de l’eau dans son vin et avait déclaré lundi dans la matinée que si une offre conjointe devait être formulée, elle demanderait deux jours pour être rédigée. Ces deux jours sont désormais à disposition.
Lu Azur envisageait de reprendre 87% des employés et 90% de la flotte et d’apporter un financement de 30,4 millions d’euros, dont la moitié fournie par Gérard Houa, son propriétaire. C’est lui qui avait tenté de reprendre le contrôle d’Aigle Azur à la fin du mois d’août en annonçant que Frantz Yvelin était démis de ses fonctions, en se nommant lui-même à la présidence et en affirmant que « les errements stratégiques des deux dernières années [devaient] cesser ». Cette action avait fait éclater la crise au grand jour, jetant un coup de projecteur sur l’abandon de la compagnie par ses actionnaires et précipitant sa chute dans un feuilleton mélodramatique.
Aujourd’hui, il est clair que l’inquiétude au sujet de la situation d’Aigle Azur était justifiée. Sonia Arrouas a indiqué qu’Aigle Azur avait « un passif très important » de 148 millions d’euros et probablement « plus que cela parce que les comptes n’ont pas été certifiés ». C’est déjà 85% de plus que ce à quoi les employés s’attendaient.