L’arrêt des activités d’Aigle Azur et XL Airways va causer quelques remous dans le profil du transport aérien français, remettant environ 1 500 personnes sur le marché du recrutement – si la reprise de XL Airways échoue. Si les concurrentes sont prêtes à les accueillir dans leur sein – le groupe Dubreuil a même créé une adresse spécifique pour que les salariés d’Aigle Azur puissent postuler et voir leur candidature traitée de façon prioritaire – cela pourrait remettre en cause la légère reprise de la hausse des effectifs dans le transport aérien français, constatée par la FNAM depuis 2017, après plusieurs années d’une baisse qui a suivi l’érosion du pavillon français.
Selon l’Observatoire des métiers de l’aérien, que le syndicat publie chaque année, son incapacité à capter la croissance du trafic en France combinée à des efforts de productivité, à l’évolution des technologies, aux nouveaux avions et à l’optimisation des réseaux a mené à une baisse des effectifs de 7% à 9% en moyenne depuis le début de la décennie, avec cette exception en 2017, qui a vu une croissance de 2% qui s’est confirmée en 2018 – notamment sous l’effet de la création de French bee, qui a stimulé le marché outre-mer.
En revanche, les perspectives de recrutement dans le secteur sont importantes. Les études réalisées dans le cadre des Assises du transport aérien montrent que la population active dans le transport aérien vieillit : 25% des salariés d’aujourd’hui seront à la retraite dans dix ans. C’est une moyenne : les populations de PNT (qui ont vieilli à la suite du report de l’âge de départ à la retraite à 65 ans en 2009), de PNC, du support, de la MRO et de la logistique seront davantage touchées. Le secteur estime ainsi que 21 000 départs auront lieu d’ici 2030, nécessitant au minimum le recrutement de 22 000 personnes pour couvrir ces départs et la croissance, dont 4 000 à 4 500 à court terme.
Environ 30% de ces besoins seront couverts par l’alternance. En effet, le secteur mise beaucoup sur la formation en interne pour attirer des candidats que l’aéronautique ne fait plus rêver et mise beaucoup sur la capacité des écoles à attirer les plus jeunes. L’AFMAé – CFA des métiers de l’aérien, par exemple, a quasiment triplé ses effectifs d’« apprenants » en cinq ans (agents d’escale, PNC et techniciens). Confrontée à la fois à l’augmentation des besoins des entreprises et la perte d’attractivité du secteur, elle s’est organisée pour être plus efficace en matière de sourcing des candidats et mettre au niveau ses futurs talents lorsqu’un élément les empêche de postuler (par exemple l’anglais).
Conscient des difficultés du secteur au moins sur le plan des recrutements, l’Etat a décidé de l’accompagner et de mettre en place un EDEC (Engagement de développement de l’emploi et des compétences) qui doit accompagner les professionnels dans l’identification des besoins, des évolutions de compétences et des solutions pour y répondre. Il doit également soutenir le développement de l’alternance, dont les effectifs devraient augmenter de 50% en cinq ans.