Bien que son trafic reste à 45,6% de son niveau de 2019, le groupe ADP a vécu 2021 comme une année « exceptionnelle », selon les dires de son PDG Augustin de Romanet. Il a en effet réussi à redresser ses résultats, a poursuivi sa croissance à l’international et espère redevenir rentable en 2022.
Le groupe a ainsi enregistré un chiffre d’affaires en hausse de près de 30% par rapport à 2020 à 2,7 milliards d’euros (en baisse de 42,5% par rapport à 2019) sous l’effet de la reprise du trafic, de l’acquisition de l’aéroport d’Almaty et d’achats plus soutenus dans les commerces. Conjugués à des économies conjoncturelles (soutien de certains Etats en faveur de l’activité partielle, fermetures de certaines infrastructures et mesures sociales), ceci a permis à l’EBITDA d’être multiplié par 4,5 pour atteindre 751 millions d’euros. Le résultat opérationnel est presque à l’équilibre (-29 millions d’euros) et les pertes nettes ont quasiment été divisées par cinq à 248 millions d’euros.
En termes de trafic, les ordres de grandeur sont similaires à ceux des recettes. Quelque 160 millions de passagers sont passés par les aéroports du groupe, en hausse de 37,2% mais toujours à 45,6% du niveau de 2019. On peut constater une disparité entre les aéroports parisiens et ceux dans le reste du monde. Si la courbe d’évolution est la même partout (en hausse constante à partir du mois de juin), le rebond est moins marqué à Paris. Ainsi, Paris CDG (26,2 millions de passagers, +17,7%) et Paris Orly (15,7 millions de passagers, +45,6%) ont enregistré ensemble une hausse de 26,8% de leur trafic en 2021, qui reste seulement à 38,8% de son niveau de 2019.
Les prévisions pour 2022 sont bonnes, même si le groupe ADP table sur la même lenteur du redressement à Paris comparé aux autres aéroports du groupe. La première bonne nouvelle est qu’il s’attend à redevenir publier de nouveau un résultat net positif dès cette année – qui lui permettra de verser des dividendes à ses actionnaires en 2023. L’EBITDA devra de son côté croître de 30% à 35%. Cela permet au groupe de prévoir des investissements importants, de l’ordre d’un milliard d’euros par an jusqu’en 2025 au niveau groupe et de 550 à 600 millions d’euros en 2022 pour les seuls aéroports parisiens (qui augmentera au fil des ans pour atteindre 800 à 900 millions d’euros en 2025).
Le trafic global devrait par ailleurs retrouver 70% voire 80% de son niveau de 2019 en 2022, avec un retour aux niveaux pré-crise entre 2023 et 2024. La reprise sera plus lente à Paris. A CDG et Orly, la croissance devrait aussi se poursuivre mais le trafic devrait rester entre 65% et 75% de son niveau de 2019, avec un retour à ce niveau entre 2024 et 2026.
C’est pourquoi, le groupe ADP mise sur l’international. L’acquisition de l’aéroport d’Almaty est un mouvement d’importance dans ce volet de croissance, tout comme le gain de la concession de la plateforme de Medan en Indonésie, mais des succès ont également été remportés au niveau de la durée de ses concessions existantes à Antalya, dans cinq autres aéroports de Turquie et à Médine. Une restructuration du segment a également été entamée avec le désengagement dans la coentreprise avec Schiphol, la non reconduction de ses activités à Maurice et la fermeture de l’activité Europe d’ADP International. Tout cela « prépare une croissance remarquable dans les vingt prochaines années », affirme Augustin de Romanet et « jette les bases d’un nouvel ADP ».
Ce nouvel ADP passera par la mise en place d’une nouvelle feuille de route stratégique pour 2022-2025, baptisée « 2025 Pioneers » et qui vise notamment à faire des aéroports des plateformes multimodales et d’énergies durables. Ce programme s’articule autour de trois axes : imaginer l’aéroport de demain, faire du groupe ADP un groupe mondial et plus intégré et relancer une dynamique collective. Au sein de ces trois axes, une vingtaine d’objectifs a été fixée pour 2025. Parmi eux se compte par exemple l’ambition d’arriver à 80% de vols à l’heure, de réduire de 10% les émissions au roulage à Paris, de proposer une facilitation biométrique à la moitié des passagers parisiens. Le groupe ADP ambitionne également de déployer un nouveau concept de franchise aéroportuaire Extime qui désignera l’offre d’hospitalité (accueil, qualité de service, commerces, restauration, salons, écosystème digital…)
Au niveau performances, il va travailler au maintien de la maturité moyenne de ses concessions à trente ans, au lancement de routes internationales et à la généralisation des descentes continues à Paris. Plusieurs initiatives devraient être tournées vers les salariés également (notamment une opération d’actionnariat salarié et l’intégration d’un critère RSE dans la rémunération). Enfin, 120 expérimentations d’innovation sociale, environnementale et opérationnelle seront mises en place avec l’objectif d’en industrialiser une trentaine.