Cela fait plus d’un mois que les files d’attente aux contrôles dans les aéroports dépassent les limites de l’acceptable. Elles les ont même pulvérisées depuis deux semaines, avec des temps d’attente pouvant dépasser deux heures pour franchir les postes de police aux frontières (PAF). Après que tous les acteurs de l’aérien – le groupe ADP, les compagnies aériennes et leurs syndicats – ont tiré la sonnette d’alarme, le ministère de l’Intérieur vient d’annoncer le 12 juillet un renforcement des effectifs policiers dans les aéroports.
Une centaine de CRS supplémentaire sera ainsi immédiatement déployée sur les plateformes d’Orly et de Roissy à jusqu’à la fin du mois d’août, reprenant à sa charge la mission de sécurisation des aérogares. Les 1 300 agents de la PAF, qui devaient assurer cette mission et celle de contrôle des identités, pourront ainsi se concentrer sur cette dernière et ouvrir davantage de points de contrôle. Par ailleurs, à la fin du mois de juillet, un nouveau dispositif technique de vérification doit être mis en place pour accélérer l’interrogation des bases de données.
Le problème de sous-effectif des agents aux guichets de la PAF, aggravé par les mesures de l’état d’urgence, est devenu chronique depuis plusieurs mois. Il s’est encore intensifié avec le renforcement des contrôles pour la zone Schenghen décidé au mois d’avril. Et avec les grands départs en vacances, la situation est devenue intenable. Sans parler de l’énervement légitime des passagers et des agents à l’aéroport, la majorité des vols subissent des retards, malgré les conseils des compagnies d’arriver plus de trois heures en avance à l’aéroport, entraînant des surcoûts et rendant difficile le respect du couvre-feu à Orly.
De son côté, ADP fait pression depuis longtemps sur le ministère de l’Intérieur pour débloquer les choses. Le groupe a décidé de ne pas attendre son feu vert pour acquérir et accélérer le déploiement de 87 sas Parafe de deuxième génération sur les deux plateformes d’Orly et de Roissy d’ici début 2018, dont 45 ont déjà été installés (ils remplacent et augmentent le parc existant). Une annonce faite dès novembre 2016. Ces sas, dont il assure le financement, utilisent toujours la reconnaissance par les empreintes digitales mais sont également équipés d’une technologie de reconnaissance faciale, plus rapide, plus fiable et qui peut traiter 40% des passagers (contre 5% pour la reconnaissance par les empreintes digitales). Cependant, cette fois, ADP ne peut pas se passer de l’accord du ministère et doit impérativement l’obtenir pour pouvoir activer cette technologie, déjà en service à Londres ou à Amsterdam.
Ce premier mouvement du ministère de l’Intérieur visant à atténuer le sous-effectif et à améliorer la technologie est un premier pas, qui indique une prise de conscience. Peut-être les positions bougeront-elles et des réponses plus pérennes seront-elles enfin apportées.