« Notre modèle n’est pas durable, il est brisé. Nous avons entamé notre transformation », annonce Benjamin Smith. A l’occasion de la présentation de la nouvelle stratégie d’Air France le 5 novembre, le directeur général du groupe Air France-KLM a dépeint le portrait de sa flotte aujourd’hui et celui qu’elle devrait rapidement adopter. Sa transformation et surtout sa simplification font en effet partie intégrante de cette stratégie. Si plusieurs mesures ont non seulement déjà été annoncées mais ont également été mises en place, quelques précisions ont été apportées.
Tout d’abord, la transformation de la flotte devrait contribuer à hauteur de 300 millions d’euros à l’amélioration du bénéfice opérationnel de 900 millions d’euros visé d’ici 2024. Le premier objectif est de la simplifier : « nous pensions avoir une flotte complexe qu’il fallait simplifier chez KLM, voici ce que nous avons chez Air France. Nous n’avons pas tous les types avions mais nous y sommes presque », constate en plaisantant Benjamin Smith.
La flotte actuelle compte neuf cockpits différents, dont quatre sur le réseau régional. Cela ne va pas durer. Le premier chantier flotte auquel s’est attaqué Benjamin Smith à son arrivée a été l’accélération de la sortie des ATR et des ERJ145. Il ne reste respectivement que quatre et treize exemplaires de chaque appareil. Les CRJ700, CRJ 1000, Embraer 170 et 190 ont vocation à être conservés d’ici 2024, même si le DG d’Air France-KLM et ses équipes réfléchissent à la pertinence du maintien des CRJ 700 et E170. Qu’ils partent ou non, la flotte régionale devrait conserver deux types de cockpit et se limiter à 50 à 60 appareils.
La flotte de monocouloirs compte un seul type de cockpit, étant composée de 114 appareils de la famille A320. Toute la flotte a vocation à être modernisée (sans croissance prévue du nombre d’appareils). Air France a déjà passé une commande pour soixante A220-300, destinés à en remplacer la première moitié (A318 et A319). Les études se poursuivent pour le remplacement des A320 et A321. Benjamin Smith indique que l’A320neo est la solution naturelle mais que ce n’est pas la seule envisagée pour le moment. Surtout, il a fait un appel du pied à Airbus en indiquant qu’Air France serait très intéressée par un A220-500 pour la seconde moitié de sa flotte.
Enfin, la partie long-courrier compte aujourd’hui quinze A330-200, quatre A340-300, un A350 (tous sous certification commune), neuf 787-9, 68 Boeing 777 et dix A380. La sortie des A340 et des A380 est actée. Les premiers sont remplacés par les A350, tandis que la réflexion touche à sa fin sur les seconds. Benjamin Smith explique en effet que la période est propice à l’acquisition de gros-porteurs car les commandes ont ralenti, ce qui permet d’obtenir de meilleurs tarifs. Air France excluant toute introduction d’un nouveau type avion, leur remplacement se joue entre l’A350 et le 787, un choix permettant par ailleurs d’améliorer considérablement la flexibilité de la flotte. « Nous espérons prendre une décision dans les prochaines semaines. »
Si le choix se porte sur davantage d’A350, la question pourra également se poser du maintien d’une micro-flotte de dix 787-9 chez Air France. Benjamin Smith souligne que l’option existe de transférer ces appareils chez KLM. Cependant, leur certification pilote commune avec la famille 777 ne rend pas un tel transfert indispensable. De même, le retrait des A330-200 est une piste de réflexion mais pas à court ou moyen terme.
La simplification et la modernisation de la flotte d’Air France vont réduire les coûts opérationnels par une baisse des coûts de formation et d’opération (notamment sur le poste carburant) – et augmenter l’EBITDA de 75 millions d’euros par an pour la flotte A220 et de 350 millions d’euros par an pour l’A350. Elles devraient également permettre d’augmenter le taux d’utilisation des appareils. Il atteint 14 heures de vol pour la flotte de gros-porteurs (derrière KLM et Lufthansa, qui sont à 15,4 et 14,1 heures mais devant British Airways) et 8,2 heures de vol sur monocouloir, plaçant Air France derrière KLM, Ryanair, Iberia, easyJet, British Airways et Lufthansa en Europe.