Le projet de privatisation de TAP Air Portugal n’est pas suffisamment transparent pour le président de la République portugaise. Marcelo Rebelo de Sousa a refusé de promulguer le décret relatif au projet de loi présenté par le gouvernement au mois de septembre pour lancer et encadrer le processus de privation. Il demande en effet des clarifications sur plusieurs points.
Le premier se réfère à la capacité future de l’État de contrôler et d’intervenir dans les décisions de la compagnie. Le président craint que l’Etat ne perde tout contrôle sur une entreprise stratégique pour le pays, si aucun rôle ne lui est expressément aménagé, étant donné que la vente prévoit la cession d’un pourcentage supérieur à 51 %.
Il s’inquiète également que le projet de loi permette à TAP de vendre ou d’acquérir tout type d’actif, avant même la décision de vente, sans apporter de critères pour encadrer ce type d’action.
Enfin, il réclame une plus grande transparence au sujet des règles qui guideront le choix d’un éventuel acheteur.
« Étant donné qu’il s’agit de la vente d’une entreprise qui a une valeur stratégique fondamentale pour le pays et compte tenu de l’historique de cette affaire, y compris la somme importante que les contribuables nationaux ont dû payer pour sauver TAP à la suite de la pandémie de covid-19, […] je pense que la plus grande transparence doit être assurée tout au long du processus qui conduira à la décision de vendre le contrôle de l’entreprise », a-t-il écrit.
Le projet de loi présenté fin septembre prévoyait la cession d’au moins 51 % de la compagnie aérienne. Les potentiels acheteurs devaient respecter quatre conditions opérationnelles : assurer la croissance de TAP, celle du hub de Lisbonne, celle des opérations point-à-point à partir des autres aéroports du pays (notamment Porto), et investir dans des activités à haute valeur ajoutée dans le secteur du transport aérien. Le gouvernement souhaitait également des investisseurs reconnus dans le secteur et dotés d’un engagement pérenne.
Le gouvernement espérait pouvoir présenter un cahier des charges plus précis à la fin de l’année ou au début de 2024. Le président de Sousa assure que ses demandes de clarification peuvent ne pas retarder le processus, ayant été formulées très rapidement.
Les trois grands groupes européens (Air France-KLM, IAG et Lufthansa) ont tous manifesté leur intérêt dans la compagnie portugaise, alors que la consolidation du ciel européen s’est mise en marche.