L’IATA est de plus en plus pessimiste. L’association a de nouveau revu à la hausse le manque à gagner de ses compagnies membres en raison de la crise liée au covid-19 et estime désormais qu’il atteindra 314 milliards de dollars, ce qui le rendra inférieur de 55% au chiffre d’affaires dégagé en 2019, avec un trafic divisé par deux lui aussi sur l’année. « En d’autres mots, la moitié de notre activité disparaît. C’est catastrophique », résume Alexandre de Juniac, son directeur général.
Cette révision est due à deux facteurs. Tout d’abord, la précédente estimation, réalisée à la fin du mois de mars, se basait sur une réduction de trafic de 65% et une reprise au second semestre. Cependant, depuis début avril, l’immobilisation générale des flottes a provoqué une baisse de trafic de 80%. Seuls les marchés domestiques américain et asiatiques (principalement chinois) restent opérationnels.
Le deuxième critère qui a changé est la confiance des économistes, qui s’est altérée. Se basant sur les prévisions d’Oxford Economics, l’IATA souligne que la chute du PIB mondial était estimée à 1% pour l’année lors de la dernière prévision en mars et que le cabinet jugeait désormais qu’elle serait de 6%. Le FMI est moins pessimiste et a indiqué hier qu’il prévoyait une chute de 3% du PIB mondial (et de 7,5% du PIB européen), ce qui reste plus sombre que le point de référence considéré pour l’étude de mars de l’IATA. Et dans les deux estimations, l’impact de la crise devrait être plus important que celui de la crise financière de 2008 (qui a vu une chute de 2% du PIB mondial).
En revanche, la reprise économique pourrait être très rapide et exceptionnelle en 2021 : Oxford Economics anticipe une reprise en V avec une croissance du PIB pouvant atteindre 8% l’année prochaine. Un schéma que le transport aérien a peu de chances de suivre puisque l’IATA constate que les mesures de déconfinement progressif engagées jusqu’alors dans quelques pays ne se sont pas accompagnées d’une levée, même partielle, des restrictions de voyage. L’association estime ainsi qu’il n’y aura pas de reprise de la demande avant le troisième trimestre et que le trafic international au quatrième trimestre ne dépassera pas 50% de celui de l’année dernière.
La région qui sera la plus touchée par la réduction du chiffre d’affaires sera l’Asie Pacifique, qui enregistrera un manque à gagner de 113 milliards de dollars, suivie de l’Europe, dont les compagnies perdront 89 milliards de dollars de CA.