Alexandre de Juniac avait déjà prévenu que les prévisions réalisées par l’IATA en décembre au sujet des bénéfices des compagnies aériennes allaient être révisées à la baisse. La révision est conséquente : l’association internationale du transport aérien estime que ses membres gagneront 28 milliards de dollars en 2019. Cela représente une dégradation de 7,5 milliards de dollars par rapport à ce qui était prévu et un bénéfice moyen de 6,12 euros sur chaque billet émis. Un premier trimestre difficile semble avoir encore accru la prudence des compagnies.
Fait nouveau depuis mi-2018, explique Brian Pearce, chief economist à IATA, la hausse des coûts unitaires n’a pas pu être compensée par une hausse des recettes unitaires, occasionnant une pression accrue sur les marges. En parallèle, un ralentissement se fait sentir dans l’augmentation de la demande, entraînant les compagnies à limiter leur croissance. Aucune augmentation des tarifs n’est non plus à prévoir cette année et la seule façon de compenser au moins de façon partielle la croissance des coûts sera par les recettes auxiliaires.
Autre signe négatif, la faiblesse du cargo. Indicateur économique majeur de la santé du transport aérien, le secteur fret a vu ses volumes diminuer de 4% à 5% dans le monde, en raison d’un ralentissement des exportations entraîné par certaines mesures de protectionnisme. Les prévisions sur l’année sont toutefois légèrement moins négatives puisque l’IATA s’attend à une stagnation du trafic.
Brian Pearce explique ainsi que la différence entre le remplissage qui permet à un vol d’être rentable et le remplissage effectif des compagnies (passagers et cargo) va continuer à diminuer, un phénomène continu depuis 2016.
La note positive vient du retour sur capital investi qui reste plus élevé que le coût du capital pour la cinquième année consécutive, ce qui signifie que le transport aérien crée de la valeur pour les investisseurs. Mais là encore, cette création de valeur n’a cessé de décroître depuis 2016 et elle sera à peine au-dessus de zéro cette année.