Le transport aérien traversant la plus grande crise de son histoire, il se prépare en toute logique à publier le pire résultat annuel de son histoire. Selon les dernières analyses réalisées par l’IATA, les compagnies aériennes pourraient enregistrer 84,3 milliards de dollars de pertes cette année, entraînées par une perte de chiffre d’affaires de 50% à 419 milliards de dollars.
L’association a fondé son estimation sur le principe d’une réouverture progressive des marchés et sur l’espérance qu’il n’y aura pas de deuxième vague épidémique plus dévastatrice que la première. Alors que la situation sanitaire reste préoccupante dans le monde pour l’OMS, elle s’améliore en Asie et en Europe, menant à une lente levée des restrictions de voyage.
Les pertes les plus importantes devraient être enregistrées par les compagnies asiatiques (29 milliards de dollars), les premières à avoir été touchées par la crise, suivies par les compagnies d’Amérique du Nord (23,1 milliards de dollars) qui devraient toutefois vivre une reprise plus dynamique grâce à la taille de leur marché intérieur et le soutien du Cares Act aux Etats-Unis.
Les transporteurs européens pourraient perdre 21,5 milliards de dollars, avec une demande en baisse de 56,4% et une offre restreinte de près de 43%. Leur avantage est que la réouverture des marchés est en marche, ce qui leur permet de reconstruire leur programme de vols. Cependant, si plusieurs ont été sauvés grâce aux aides de leur gouvernement, leur compétitivité pourrait être entravée par les conditions attachées à ces aides.
Au Moyen-Orient, les pertes sont d’un tout autre ordre (4,8 milliards d’euros) mais les perspectives ne sont pas au meilleur fixe : le niveau des prix du pétrole nuit à la santé économique de la région et le modèle économique des grandes compagnies de la région repose sur le trafic international, qui pourrait reprendre plus lentement. Les compagnies d’Amérique latine pourraient perdre 4 milliards de dollars, avec une reprise entravée par les mesures très contraignantes mises en place, tandis que les pertes annuelles des compagnies africaines devraient se situer autour de 2 milliards de dollars.
Comme dit et répété depuis le mois de mars, la reprise sera lente et ralentie encore par la récession économique qui accompagne la crise sanitaire et touche tous les secteurs de l’économie mondiale. Le transport aérien mettra plusieurs années à se relever du choc qu’il vient d’encaisser et il n’espère même pas être à l’équilibre l’année prochaine. L’IATA estime que 2021 verra les compagnies mondiales publier un résultat net négatif de 15,8 milliards de dollars. Elle s’attend à ce que le nombre de passagers annuels retombe à son niveau de 2014 (3,38 milliards) et que le chiffre d’affaires annuel reste 29% inférieur à celui de 2019 (à 598 milliards de dollars).
« Le défi pour 2022 consistera à transformer les pertes réduites de 2021 en bénéfices dont les compagnies aériennes auront besoin pour rembourser les dettes qu’elles vont hériter de cette terrible crise », commente Alexandre de Juniac, le directeur général de l’association.