Ce n’est pas une surprise, le deuxième trimestre 2020 sera le plus difficile de l’histoire du transport aérien. Et l’IATA a désormais chiffré ce qu’elle qualifie d’apocalypse économique. Les compagnies aériennes devraient en effet enregistrer une perte nette collective de 39 milliards de dollars sur la période. L’année dernière, entre avril et juin, elles avaient au contraire réussi à dégager un bénéfice de 7 milliards de dollars.
Alors que débute seulement le mois d’avril, l’association estime que ses compagnies membres pourraient brûler 61 milliards de dollars de cash sur le trimestre pour couvrir leurs coûts, majoritairement fixes et semi-fixes puisqu’une partie des coûts variables (environ 70%) disparaît avec l’immobilisation des flottes.
Ces dépenses sont notamment creusées par les obligations de remboursement de billets, qui atteignent 35 milliards de dollars – dont dix milliards de dollars pour les seules compagnies en Europe. Un montant que les compagnies aériennes n’ont pas les moyens de régler puisque leurs recettes se sont effondrées. C’est pourquoi l’IATA demande à l’Union européenne de revoir l’obligation de remboursement prévue par la réglementation EU261 pour pouvoir légalement proposer des avoirs. Alexandre de Juniac reconnaît les difficultés que cela peut poser aux passagers et aux autres acteurs du tourisme mais il en va selon lui de la capacité de survie des compagnies.
Celle-ci est déjà largement remise en question pour beaucoup. A l’immobilisation des flottes passagers s’ajoute une récession qui va ralentir la reprise. La saison été, traditionnellement la plus rentable pour les compagnies, est perdue puisque le secteur n’envisage pas une reprise des vols avant le mois de juin, au mieux, et elle sera très progressive. L’IATA n’imagine pas un retour de l’industrie au niveau d’avant la crise avant le quatrième trimestre, et table même plutôt sur 2021. Quoiqu’il en soit, l’hiver, la période creuse pour l’activité, sera lui aussi difficile à passer.
Mais le secteur devrait profiter de la baisse des prix du carburant (qui profite notamment aux vols cargo) et du soutien des gouvernements. Plusieurs ont déjà fourni ou promis ce soutien, en Suède, en Norvège, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, en Australie et, plus récemment, à Dubaï. La Commission européenne vient également d’approuver le programme de soutien présenté par la France à son transport aérien. Il vise à reporter jusqu’à 24 mois le paiement de certaines taxes aéronautiques par les compagnies aériennes enregistrées en France (dont elles auraient dû s’acquitter entre mars et décembre) afin de réduire la pression sur leur trésorerie.