Alors que les compagnies aériennes essaient de coordonner les conditions de la reprise de leurs services avec les gouvernements et les autorités sanitaires au niveau régional avec l’IATA, Etihad et Emirates ont pris les devants sur l’identification des passagers potentiellement atteints du covid-19. Allant plus loin que le scan des passagers avec des caméras thermiques, Etihad a décidé de tester une nouvelle technologie qui permet de suspendre le processus d’enregistrement en cas de symptômes et Emirates a mis en place des tests de dépistage.
Emirates est ainsi devenue la première compagnie aérienne à mettre en place ce type de mesure de précaution le 15 avril, en soumettant tous les passagers à destination de Tunis à un test sanguin avant l’embarquement. Celui-ci a été effectué par l’Autorité sanitaire de Dubaï dans la zone d’enregistrement du terminal 3. Les résultats des tests ont été disponibles en dix minutes.
La compagnie souligne que les résultats de cette mesure sont concluants. « Nous nous employons à accroître les capacités de dépistages à l’avenir et à les étendre à d’autres vols, ce qui nous permettra de réaliser des tests sur place à l’aéroport et de fournir une réponse immédiate aux passagers Emirates voyageant vers des pays qui exigent des certificats de test COVID-19 », annonce Adel Al Redha, le directeur des Opérations de la compagnie.
Dans l’état actuel des choses, l’extension des dépistages aux passagers des autres vols d’Emirates ne devrait pas poser de difficulté majeure, les opérations étant très limitées. La compagnie ne dessert en effet que Londres, Francfort, Manille, Alger, Taipei et Chicago cette semaine, ce qui représente en tout quinze vols – dont sept sont des vols réguliers vers Londres et Francfort. Reste à déterminer la faisabilité lorsque les services s’étofferont.
© Emirates
De son côté, Etihad va tester une nouvelle technologie permettant de réaliser des diagnostics sur des équipements en libre service disposés en aéroport. Ceux-ci sont conçus par Elenium Automation et la société australienne s’est rapprochée d’Amazon Web Services pour les rendre le plus « sans contact » possible (grâce à la reconnaissance vocale). Ils peuvent surveiller la température, le pouls et la fréquence cardiaque des passagers dans tous les points de passage d’un terminal, de la borne d’enregistrement aux postes d’inspection filtrage ou de police aux frontières. En cas de suspicion de maladie, le système peut suspendre le processus d’enregistrement ou de dépose-bagage et alerter le personnel qualifié en aéroport pour prendre en charge le passager.
« Cette technologie n’est pas conçue pour réaliser des diagnostics médicaux. Il s’agit d’un système d’alerte précoce qui aidera à identifier les personnes présentant des symptômes généraux, afin qu’ils puissent être évalués plus en détail par des experts médicaux », explique Jorg Oppermann, vice-président en charge du hub et des opérations d’Etihad. « Nous testons cette technologie car nous pensons qu’elle sera utile non seulement dans l’épidémie actuelle de covid-19, mais aussi à l’avenir, pour évaluer la capacité d’un passager à voyager et ainsi minimiser les perturbations. Nous pensons qu’il s’agit d’une nouvelle étape pour garantir que les futures épidémies n’auront pas le même effet dévastateur sur l’industrie aéronautique mondiale qu’actuellement. »
Pour le PDG d’Elenium Automation, Aaron Hornlimann, l’installation d’un tel dispositif pourrait contribuer à rendre leur confiance aux passagers et les inciter à reprendre plus rapidement leurs projets de voyage.
Les essais seront réalisés à l’aéroport d’Abou Dhabi de fin avril à fin mai, initialement avec des volontaires puis avec des passagers volontaires. Actuellement, Etihad réalise quelques vols vers Amsterdam, Londres, Bruxelles, Dublin, Zurich, Melbourne, Séoul, Singapore, Manille, Jakarta et Tokyo.