Mise à jour de l’article du 12 mars, intégrant l’interdiction de vol et de survol émise par Transports Canada.
La Chine et Ethiopian Airlines avaient ouvert le bal dès le 11 mars en décidant de clouer au sol leurs flottes de Boeing 737 MAX. Mais deux jours après l’accident d’Ethiopian Airlines, les suspensions et interdictions pleuvent, décidées par des compagnies aériennes et des autorités de l’aviation civile peu enclines à déroger au principe de précaution. Désormais, la moitié de la flotte mondiale est immobilisée.
Quatorze pays ont décidé de clouer au sol les flottes de 737 MAX de leurs compagnies ou d’interdire aux appareils des compagnies étrangères opératrices de se poser sur leur territoire ou de le survoler. C’est le cas de la France et avant elle de l’Australie et de Singapour. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Irlande, l’Autriche, l’Italie, la Corée du sud, l’Indonésie, la Mongolie, Oman ou encore la Malaisie (entre autres) ont pris les mêmes dispositions. L’agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et l’Inde ont fini par suivre le 12 mars dans l’après-midi. Mais c’est la décision initiale de la Chine, la première à avoir réagi, qui pèse le plus lourd pour le programme américain, les transporteurs chinois exploitant plus de 90 appareils.
Neuf compagnies aériennes ont également opté pour l’immobilisation de leurs avions, à l’instar d’Ethiopian Airlines. L’une des plus importantes est Norwegian Airlines, qui exploite dix-huit appareils à l’échelle du groupe. « En réponse à la suspension temporaire des opérations avec le Boeing 737 MAX émise par de multiples autorités aériennes, nous avons pris la décision de ne pas opérer de vols avec ce genre d’appareil, jusqu’à ce que les autorités aériennes concernées fournissent d’autres indications », a déclaré Tomas Hesthammer, Directeur des Opérations aériennes par intérim de Norwegian. La compagnie compte par ailleurs demander des compensations à Boeing. Turkish Airlines (douze appareils), TUI (quinze), Icelandair (seulement les trois MAX 8), Aeromexico, GOL, Aerolineas Argentinas, Comair et Cayman Airways ont pris les mêmes mesures.
Enfin, le Canada s’est résolu à suivre le mouvement mondial le 13 mars. Air Canada et WestJet exploitent 37 exemplaires du 737 MAX 8.
Désormais, plus de 200 appareils sont cloués au sol sur les 370 livrés depuis mai 2017.
Les Etats-Unis n’ont pas franchi le pas de l’immobilisation. Soixante-douze exemplaires du monocouloir remotorisé y sont en service, auprès de Southwest Airlines, American Airlines (MAX 8) et United Airlines (MAX 9). La FAA a simplement décidé de contraindre Boeing à installer des modifications logicielles touchant les systèmes de commandes de vol et le MCAS d’ici la fin du mois d’avril, mais affirme qu’elle n’a aucun élément permettant d’interdire les 737 MAX de vol. Ces modifications avaient été décidées après l’accident du 737 MAX 8 de Lion Air en octobre.
C’est celui d’Ethiopian Airlines le 10 mars qui a achevé de semer la méfiance chez les opérateurs et plongé Boeing au coeur d’une tempête dont il lui sera difficile de s’extraire sans séquelle. Un 737 MAX 8 s’est écrasé six minutes après son décollage d’Addis-Abeba, alors qu’il devait réaliser un vol à destination de Nairobi, faisant 157 victimes (les 149 passagers et huit membres d’équipage). L’enquête commence tout juste et rien ne permet de relier l’accident à celui de Lion Air, si ce n’est le court laps de temps séparant le décollage et l’accident.