Corsair a enfin changé de mains et Pascal de Izaguirre revit. Le rachat par le groupe Intro Aviation devrait marquer un renouveau pour la compagnie et plusieurs annonces ont déjà été faites, sur la croissance de la flotte, la restructuration du réseau et les perspectives de la compagnie.
Le groupe allemand identifie le principal problème de Corsair dans la dualité de sa flotte. Sept avions, répartis entre trois Boeing 747 (récemment rachetés à TUI) et quatre Airbus A330, « ce n’est pas viable, il n’y a aucune synergie, aucune efficacité », affirme Peter Oncken, le PDG d’Intro Aviation. Les 747 vont donc la quitter le plus rapidement possible, en même temps que trois A330-900 seront intégrés. Le contrat d’acquisition des appareils a été signé le 15 mars et les livraisons devraient avoir lieu entre septembre 2020 et début 2021. Mais l’objectif d’Intro Aviation n’est pas de réduire les capacités et trois autres appareils devraient être acquis d’ici 2023, afin que chaque 747 ait été remplacé par deux A330neo. « Nous n’avons pas besoin de croître de façon exponentielle pour être viable », estime Peter Oncken, « mais il faut que nous atteignions une flotte d’au moins treize appareils d’ici cinq ans. » Quant à Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair, il estime que le passage à cette flotte homogène va engendrer des « bénéfices extrêmement significatifs voire considérables », que ce soit en termes de coûts opérationnels, de formation ou de maintenance.
Avec ces nouveaux avions, une nouvelle cabine va être introduite. Au vu du succès de la classe affaires introduite fin 2017, Corsair va augmenter la pondération des classes affaires et Premium Economy dans la flotte. Les A330neo seront ainsi équipés de vingt fauteuils affaires (contre douze aujourd’hui) et de vingt et un fauteuils de Premium Economy (contre douze sur A330 et dix-huit sur 747 actuellement). Un nouveau système de divertissement en vol est prévu, ainsi qu’une nouvelle amélioration du service à bord.
Le renouveau de la flotte aura évidemment un impact sur le réseau. Corsair et Intro Aviation n’ont pas encore décidé à quel point mais l’engagement sur l’Outre-mer reste intact puisqu’il s’agit du pilier de la compagnie. Une restructuration a déjà été engagée avec l’abandon de la desserte de Madagascar et de Mayotte. Corsair va se tourner davantage vers les marchés à fort trafic et sur lesquels elle estime pouvoir prendre rapidement des parts de marché ; c’est dans cette optique que la desserte de Miami va être relancée et que celle de Montréal va devenir annuelle à partir de la prochaine saison hiver.
La base d’Orly n’est par ailleurs pas remise en question. « Nous avons un portefeuille de créneaux confortable », indique Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair, qui ajoute que jusqu’à présent une partie de ces créneaux étaient exploités par TUIfly. L’accord conclu par Intro Aviation prévoit que la compagnie française les récupère. En revanche, le groupe allemand ne limite pas sa vision à l’aéroport sud-francilien et se dit prêt « à regarder ailleurs » lorsque les créneaux seront trop limités à Orly.
« Il est grand temps que Corsair retrouve la voie du changement et de la croissance », estime Peter Oncken. Corsair ne retrouvera pas tout de suite l’équilibre. Après une année 2017-2018 déficitaire, notamment en raison d’un choc avion survenu en pleine saison et des irrégularités opérationnelles de l’été, 2018-2019 devrait elle aussi être une année de perte, notamment en raison de son éviction de la liaison Paris – Dakar qui était très rentable.