Alors qu’un vent d’optimisme avait été apporté par la réouverture des frontières à l’intérieur de l’Europe au début de la semaine et la perspective de la réouverture de celles de l’Europe au 1er juillet, l’IATA a ramené le secteur à la réalité. « La réouverture des frontières ne doit pas occulter la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les compagnies », a prévenu Rafael Schvartzman, vice-président de l’IATA en charge de l’Europe, tout en annonçant des perspectives dégradées par rapport à celles du mois d’avril. La faillite de Level Europe est venue confirmer ses dires.
Alors que les compagnies européennes devraient enregistrer 23,1 milliards de dollars de pertes en 2020 et voir la demande se réduire de moitié, entre six et sept millions d’emplois sont en danger sur le continent. Cette estimation n’a pas beaucoup évolué par rapport au mois d’avril mais l’IATA constate que la situation a empiré sur les cinq grands marchés européens que sont le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie, le bilan de plus lourd étant dévolu à l’Espagne.
En ce qui concerne la France, elle pourrait perdre à elle seule 88,7 millions de passagers en 2020 (contre 80 millions prévus précédemment) et 38,9 milliards de dollars de PIB (contre 35,2 milliards). L’impact sur l’emploi serait alors amplifié avec la possibilité d’assister à la suppression de 434 700 postes, au lieu de 392 500.
« Je crains que le pire reste à venir », déclare Rafael Schvartzman. Il rappelle en effet que la crise bat son plein précisément durant la période sur laquelle les compagnies aériennes réalisent l’essentiel de leurs bénéfices et construisent leur « coussin financier » pour passer la saison hiver. En parallèle, les gouvernements essaient maintenant d’alléger les mesures généralisées de soutien à l’économie et à l’emploi, et les échéances de paiement des charges (notamment de contrôle aérien) se rapprochent de nouveau.
L’IATA suggère donc que les gouvernements et régulateurs continuent d’agir en faveur du transport aérien par différents moyens, comme la poursuite du soutien financier mais sous une forme qui n’alourdit pas encore la dette ou de nouveaux reports d’échéances de paiement. Un nouvel appel à allonger la suspension de la règle sur l’utilisation des créneaux a également été lancé. Une telle mesure doit être prise rapidement, avant fin juillet, pour que les compagnies puissent préparer sereinement leur programme de vols pour la saison hiver, sans se contraindre à voler à vide ou perdre leurs créneaux aéroportuaires.
Mais surtout, il faut continuer de coordonner la reprise des opérations, dans l’ouverture des frontières – même s’il semble qu’elle doive passer la création de couloirs spécifiques entre pays « sûrs » au début – comme dans la mise en place du nouveau protocole sanitaire, qui devrait être harmonisé en suivant les recommandations de l’OACI et, au niveau européen, de l’EASA et de l’ECDC (European Centre for Disease Control).