Les turbulences ne font pas que susciter du stress chez les passagers. Elles sont surtout l’une des principales causes de blessures en vol et peuvent entraîner des surcoûts pour les compagnies aériennes, en cas de déroutement pour raisons médicales ou de dommage aux installations cabines. Or, les outils actuels pour réagir en cas de turbulences sont très limités. C’est pourquoi l’IATA a travaillé sur une plateforme de partage de données sur ce phénomène, Turbulence Aware, dont la première version opérationnelle vient tout juste d’être lancée.
L’amélioration des technologies permet en effet aux compagnies de mieux détecter et évaluer l’intensité des turbulences traversées par un avion, en utilisant les paramètres enregistrés (vitesse de croisière, vitesse du vent, assiette…) et en les passant dans un algorithme, plutôt qu’en se fiant à la seule perception de l’équipage (qui varie selon l’expérience du pilote et le type d’avion). Un rapport, comprenant l’heure, la position et l’altitude de l’avion, peut être envoyé au sol et la compagnie prévient par la suite ses appareils dans le secteur pour qu’ils puissent prendre les mesures qui s’imposent.
Plusieurs compagnies utilisent aujourd’hui ce type de système de signalement de turbulences, mais chacune de leur côté, ce qui limite les bénéfices. Plusieurs ont donc demandé à l’IATA de devenir un organe central de collecte des données sur les turbulences pour pouvoir ensuite les envoyer vers tous les appareils d’une zone, quelle que soit la compagnie et le moment d’arrivée dans ladite zone.
Plateforme de partage développée avec Snowflake software, Turbulence Aware doit ainsi recueillir les informations sur les turbulences auprès des compagnies volontaires, les consolider, les contrôler, les rendre anonymes et accessibles à toutes en temps réel (le traitement des données prend une trentaine de secondes), aux régulateurs de vol des compagnies aériennes ou aux systèmes d’alerte embarqués.
Delta Air Lines, United Airlines et Aer Lingus ont été les premières à s’engager dans le projet – Delta partageant déjà ses données – mais le conseil consultatif compte de nombreuses compagnies, dont Air France, Lufthansa et Japan Airlines, et dont des compagnies qui ne sont pas membres de l’IATA comme Southwest et easyJet. Maintenant que la première version de la plateforme est opérationnelle, avec ses fonctionnalités de base, elle va être testée tout au long de 2019 pour une mise en service en janvier 2020.