Si le ciel unique européen (SES) est un échec cuisant, l’IATA n’en a pas encore fait le deuil. Bien que consciente qu’il faudra encore plusieurs années pour réussir à l’imposer, l’association poursuit son travail de lobbying auprès des ANSP (Air Navigation Service Providers) pour leur faire embrasser l’idée et y parvenir de façon plus progressive. « Le contrôle aérien est une préoccupation qui touche tout le continent et nous attendons le SES depuis presque vingt ans », déplore Rafael Schvartzman, vice-président pour la région Europe de l’IATA. Mais les premiers résultats devraient être visibles dans les prochaines semaines, lorsque l’IATA dévoilera ses premiers accords avec les ANSP nationaux.
Les discussions ont porté sur « la création d’une structure rassemblant plusieurs pays, l’instauration d’une feuille de route avec des étapes claires et d’un plan pour un réseau plus intégré ». L’objectif est d’améliorer la résilience des compagnies aériennes en cas de perturbations et d’améliorer leurs performances et multiplier leurs opportunités dans des conditions normales.
L’IATA estime que l’instauration du ciel unique permettrait de réduire de 10% l’impact environnemental des vols en Europe, les coûts de moitié en 2035 et les trajets de 18 minutes en moyenne sur un aller-retour. Il pourrait également apporter un gain de 245 milliards d’euros au PIB et créer un million d’emplois supplémentaires – dont 33 milliards d’euros et 105 000 emplois en France.
En 2016, 1,3 million de minutes de retard ont été enregistrées à cause de grèves et de défaillances du contrôle aérien en Europe. Les routes n’étant pas toujours optimisées, elles sont en moyenne plus longues de 50 km que ce qu’elles devraient. L’IATA estime que le nombre de vols en Europe devrait augmenter de 50% d’ici vingt ans mais que cette croissance ne pourra pas être atteinte en raison d’un manque de capacité dans le contrôle, au détriment de nouvelles routes, fréquences… D’autant que la congestion se fait déjà sentir.
Le Brexit ajoute une incertitude sur le maintien de la continuité du réseau entre l’Europe et le Royaume-Uni puisque le gouvernement britannique a indiqué « ne plus vouloir faire partie du marché unique ni de l’espace aérien commun ». L’IATA appelle « au maintien de la connectivité dans TOUTE l’Europe », martèle Rafael Schvartzman. Si les prévisions de baisse d’activité, d’attractivité, de perte de confiance des investisseurs ont été déjouées grâce à la faiblesse de la livre sterling qui a stimulé le tourisme et les exportations, l’IATA estime que le PIB pourrait atteindre un niveau inférieur de 5 à 10% à celui qu’il aurait atteint sans Brexit dans la prochaine décennie. « Dans le transport, nous pensons que le Royaume-Uni subira quelque chose d’assez similaire ».