Pour son premier rendez-vous de 2021, l’IATA ne s’est pas montrée très optimiste. L’association a en effet constaté à regret que la situation du transport aérien s’était détériorée durant les fêtes, sous l’effet de nouvelles vagues épidémiques et du renforcement des restrictions qu’elles ont occasionnées. « Le futur proche a empiré », déplore Alexandre de Juniac, son directeur général, renforçant la conviction déjà généralement acquise que les six prochains mois seront difficiles.
Brian Pearce, chief economist, a rapidement dressé le profil du transport aérien au quatrième trimestre, constatant une stagnation générale du trafic depuis le mois d’octobre – voire une détérioration en Russie et pour le trafic international interne à l’Union européenne, pour qui l’essentiel la reprise de l’été a été effacée au cours de l’automne.
Les annonces des vaccins avaient stimulé les réservations mais cette stimulation est complètement retombée avec les nouvelles vagues épidémiques. Leur niveau est désormais pire au premier trimestre 2021 qu’au quatrième trimestre 2020 (entre -75% et -82% par rapport à 2019 selon le niveau d’anticipation des voyages). « Au lieu du boost traditionnel de la période, nous avons connu encore plus de restrictions », résume Alexandre de Juniac. De nouvelles fermetures de frontières ont en effet été décrétées après la découverte des mutations du virus de la covid-19 en Afrique du Sud et au Royaume-Uni et de nouvelles mesures restrictives sont venues s’ajouter à celles qui existaient déjà (par exemple au Royaume-Uni et au Canada).
Dans ces conditions, l’association craint que l’exploit de 2020 concernant les faillites de compagnies aériennes ne puissent pas être renouvelé. Si l’IATA s’attend toujours à une amélioration progressive des recettes au fur et à mesure de l’année pour atteindre des opérations rentables à la toute fin de 2021, le premier semestre, période après laquelle seulement l’effet des politiques de vaccination pourra commencer à se faire sentir, pourrait être terrible pour les compagnies aériennes sans aide supplémentaire.
« Beaucoup de compagnies ne pourront pas attendre la fin de l’année que leur chiffre d’affaires s’améliore », affirme Brian Pearce. Il explique que dans des circonstances normales, beaucoup de compagnies n’auraient pas pu continuer de fonctionner jusqu’à présent. Si seule une quarantaine d’entre elles se sont placées en faillite ou ont disparu, « c’est uniquement parce que les gouvernements se sont engagés. » Leur survie n’est due qu’aux 197 milliards de dollars d’aides qu’elles ont reçus. En 2021, le défi sera de redémarrer l’économie de façon viable mais sans aide et vu l’explosion de l’endettement, des disparitions sont à prévoir.