Désespérée de voir les mesures de quarantaine se multiplier et casser la reprise du trafic aérien, l’IATA a révisé sa position concernant les tests. L’association préconise désormais de rendre systématiques et obligatoires les tests covid avant l’embarquement, au niveau mondial.
« Nous n’avons pas pris cette décision à la légère », a assuré Alexandre de Juniac, le directeur général de l’IATA. Il explique que l’association considère désormais que c’est la seule façon de permettre la reprise du transport aérien, alors que le trafic international a perdu 92%. L’instauration de tests avant l’embarquement rassurerait tous les passagers puisqu’elle assurerait que les personnes qui voyagent en même temps qu’eux n’ont pas de symptômes et l’harmonisation du processus au niveau mondial permettrait également aux voyageurs d’être rassurés sur la façon dont ils seront traités à leur arrivée.
« La force et l’intérêt de notre proposition est qu’elle peut être mise en place partout et de façon homogène, comprise par tout le monde, acceptée par une vaste majorité de passagers [88% des passagers interrogés par l’IATA l’approuvent] et elle est sûre. »
L’objectif est principalement d’éliminer les mesures de quarantaine, qui « tuent le transport aérien ». Le constat avait été fait dès les premières décisions mais la désillusion est particulièrement cuisante aujourd’hui, alors que la réouverture des frontières a été « très décevante ». Eurocontrol avait indiqué plus tôt que la courbe de reprise du trafic en Europe avait connu une cassure en septembre et s’orientait davantage vers une stagnation jusqu’à la fin de l’année, avec un trafic en baisse de 50% à 60% par rapport à 2019. Eamonn Brennan, le directeur général d’Eurocontrol, s’est même montré encore plus pessimiste le 22 septembre en affirmant qu’il craignait que le trafic soit encore inférieur à ces prévisions, au vu des tendances actuelles.
L’IATA préconise d’utiliser les tests antigéniques, qui pourraient être disponibles en octobre et présentent l’avantage de fournir un résultat en une quinzaine de minutes.
La proposition de l’IATA s’accompagne d’une pléthore de challenges, principalement logistiques. Il faut notamment s’assurer que les laboratoires soient capables de produire des tests en quantité suffisante – l’ampleur de la clientèle pouvant être un facteur de motivation – et qu’il y ait suffisamment de personnel pour les réaliser. Les tests devant être faits à l’aéroport, il faut également s’assurer de la disponibilité d’un espace dédié, dans lequel la distanciation sociale pourrait être respectée.
La proposition a déjà été discutée au sein de l’OACI et de façon bilatérale avec plusieurs gouvernements. Cependant, il est nécessaire de définir des standards communs, mondiaux, afin que le résultat soit accepté partout à l’arrivée. Or cette harmonisation des mesures entre les Etats a jusqu’à présent cruellement fait défaut. Par ailleurs, il faut également déterminer qui prendra en charge le coût de ces tests. L’IATA estime qu’ils doivent être à la charge des gouvernements puisqu’il s’agit d’une question de santé et que cela relève de la responsabilité nationale. Mais toutes ces questions doivent encore être débattues au sein de l’OACI.