Norwegian figure en bonne place sur la liste des compagnies dont la capacité de survie est débattue aujourd’hui. En profonde crise depuis trois ans, la low-cost norvégienne était en train de remonter la pente lorsqu’est survenue la crise liée à l’épidémie de coronavirus. Comme toutes ses consoeurs, elle a dû prendre des mesures drastiques et vient d’annoncer la suspension de plus de 4 000 vols et des licenciements.
La baisse de la demande survenue dès le tout début de l’épidémie en Europe s’est considérablement aggravée dès lors que l’Italie s’est mise en quarantaine (au soir du 9 mars). Norwegian avait ainsi décidé dès le lendemain de supprimer 3 000 vols et 15% de ses capacités. Mais le coup le plus dur a été la fermeture des Etats-Unis à tous les ressortissants de l’espace Schengen (sauf ceux du Royaume-Uni et de l’Irlande) à partir du 14 mars.
L’essentiel du programme de vols long-courrier de Norwegian est en effet à destination des Etats-Unis, à l’exception de quatre lignes vers la Thaïlande (Bangkok, Krabi) et l’Amérique du Sud (Bangkok et Buenos Aires). La chance de la low-cost vient de sa décision de créer Norwegian Long Haul en 2012 pour gérer la majeure partie de ses lignes long-courrier, basée à Londres. Malgré cela, les vols au départ de Paris, Barcelone, Rome, Amsterdam, Athènes et des pays scandinaves vont être considérablement réduits dès le 13 mars (sauf Rome, où ils sont annulés) puis suspendus pour un mois à partir du 29 mars. La conséquence va être l’immobilisation de 40% de la flotte de Boeing 787 – flotte qui a déjà causé bien des soucis à la compagnie en raison des problèmes sur ses moteurs Trent 1000 de Rolls-Royce.
Le moyen-courrier ne s’en sortira pas indemne non plus. La compagnie prévoit en effet une réduction de 25% de ses capacités sur ce réseau, par la suppression des vols vers l’Italie et de vols intérieurs et régionaux scandinaves jusqu’à fin mai.
Pour limiter les conséquences sur son activité, Norwegian prévoit des mesures extraordinaires sur le plan social qui se traduiront par des licenciements temporaires. Ils pourront concerner jusqu’à 50% de ses effectifs, voire davantage si la crise s’aggrave.
En revanche, elle devrait pouvoir profiter de la chute des prix du carburant car elle n’est couverte qu’à 25%.
Le gouvernement norvégien à la rescousse
« Les nouvelles restrictions exercent une pression supplémentaire sur une situation déjà difficile. Nous appelons les gouvernements internationaux à agir maintenant pour que l’industrie aéronautique puisse protéger les emplois et continuer d’être un élément essentiel de la reprise économique mondiale », déclarait Jacob Schram, le CEO de Norwegian le 12 mars. Il a été entendu.
Face à la crise économique engendrée dans tous les secteurs par la panique liée à l’épidémie, le gouvernement norvégien a dévoilé plusieurs mesures de soutien en faveur de ses entreprises, qui pourront être renforcées si besoin. Pour le transport aérien spécifiquement, il a décidé de suspendre la taxe sur les passagers du 1er janvier au 31 octobre 2020. Il a également suspendu l’obligation de paiement des charges liées à l’aérien jusqu’au 31 juin.
Pour Norwegian, ces mesures ne sont toutefois pas suffisantes et la compagnie réclame des mesures plus précises et un travail sur un nouveau volet d’aides. « Nous demandons que ces solutions viennent rapidement. Dans le même temps, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour réduire les pertes financières que cette situation nous cause, aussi pénibles soient-elles », prévient Jacob Schram.
La compagnie arrive actuellement au terme d’un exigeant programme de restructuration qui lui a permis de réduire ses coûts de 210 millions d’euros. En 2019, 24 appareils ont été vendus et l’activité a été réduite de 15% pour en éliminer les parties les moins performantes. Un volet supplémentaire de mesures a été adopté au début de l’année pour améliorer son bilan de 130 millions d’euros et Norwegian s’attendait à revenir à l’équilibre.