La croissance effrénée ne fait plus partie de la stratégie de Norwegian. Le groupe norvégien a publié ses résultats pour 2018 le 6 février et annoncé que l’année 2019 serait placée sous le signe de la mesure, la principale priorité de la compagnie étant de redevenir rentable après deux années très difficiles tant sur le plan financier qu’opérationnel.
Le chiffre d’affaires de 2018 a enregistré une augmentation de 30% à 4,14 milliards d’euros. Un autre signe positif a été la baisse des coûts unitaires affichée à 12% hors coûts du carburant. C’est d’ailleurs ici que les résultats se gâtent : la hausse des prix du pétrole sur une grande partie de 2018 a eu un fort impact sur les comptes de Norwegian et la facture a augmenté de 71% sur l’année. Plusieurs facteurs ont contribué à cela : l’augmentation des capacités (de 37%), celle des prix du pétrole, le coût des couvertures carburant défavorables au quatrième trimestre (après que le baril est redescendu) et la perte d’efficacité de la flotte. Cette dernière a été provoquée par la nécessité de louer des appareils moins performants que les 787 pour assurer le programme de vols alors que les Dreamliner de Norwegian étaient immobilisés pour des inspections obligatoires sur les moteurs de Rolls-Royce.
Si l’évolution des cours pétroliers est imprévisible pour 2019, Norwegian peut désormais compter sur la disponibilité de tous ses Dreamliner sur le long-courrier. A cela viendra s’ajouter l’impact positif de l’accord compensatoire conclu avec le motoriste britannique. Une partie de la pression sur les comptes devrait donc se relâcher.
Pour autant, Norwegian a décidé de se montrer plus prudente. Elle a lancé en fin d’année 2018 un programme de réduction des coûts de 200 millions d’euros, elle a pris diverses mesures pour optimiser son réseau – par exemple la fermeture de sa ligne vers Singapour ou la suppression de plusieurs bases en Europe et aux Etats-Unis pour réaffecter les appareils sur les pays nordiques, plus dynamiques et moins saisonniers – et elle vend petit à petit les Airbus A320neo de sa filiale de leasing Arctic Aviation Assets.
Celle-ci a d’ailleurs annoncé qu’elle avait conclu des accords avec Airbus et Boeing pour reporter les livraisons de seize appareils au total, ce qui évitera au groupe d’avoir à verser des paiements préalables à la livraison en 2019. Douze 737 MAX 8 attendus en 2020 ne seront plus livrés qu’en 2023-2024 et quatre A321LR ont été repoussés de 2019 à 2020.
Ainsi, 2019 devrait voir l’introduction de cinq 787-9 et seize 737 MAX (en parallèle du retrait de certains 737-800). Au total, l’offre ne devrait croître que de 9%, avec trois premiers trimestres relativement dynamiques (à plus de 10%) et une baisse de capacités au quatrième trimestre. « 2019 sera une période de croissance plus douce et d’investissements moindres, durant laquelle nous chercherons de nouveaux moyens efficaces d’améliorer notre performance et d’offrir de nouveaux produits et services pour attirer de nouveaux clients », a commenté Bjorn Kjos, le président de la compagnie.