Le redressement de Norwegian ne s’annonce pas comme une sinécure. Le groupe norvégien a annoncé une nouvelle mesure de son programme de réduction des coûts : le report de livraison de plusieurs A320neo et A321LR, destinés à sa filiale Arctic Aviation Assets. S’il n’a pas précisé le nombre d’appareils concernés ni l’ampleur du report, le groupe souligne que l’accord conclu avec Airbus lui permettra d’éviter 570 millions de dollars de dépenses en 2019 et 2020.
L’objectif d’un retour à l’équilibre cette année ne semble pas évident à atteindre. Norwegian avait pourtant tout mis en oeuvre pour y parvenir : un plan de réduction de ses coûts de 200 millions d’euros a été lancé à la fin de l’année 2018, une augmentation de capital de 310 millions d’euros a été réussie au début de l’année, la modernisation de sa flotte se poursuit et le groupe vend régulièrement certains de ses appareils – notamment de la famille A320neo, qui sont gérés par sa filiale de leasing. Elle avait également déjà annoncé le report de livraison de seize appareils (douze 737 MAX de 2020 à 2023 et quatre A321LR de 2019 à 2020).
Mais Norwegian n’est pas au bout de ses peines. Après avoir vécu deux années très difficiles avec sa flotte de Boeing 787, qui a dû être immobilisée pour des inspections moteurs, elle avait conclu un accord de compensation avec Rolls-Royce qui devait profiter aux comptes 2019 et pensait avoir tourné la page de l’indisponibilité de ses Dreamliner. Mais de nouveaux problèmes sont apparus sur les Trent 1000 TEN (détérioration précoce des aubes de turbine haute pression), qui pourraient venir perturber la low-cost.
Surtout, elle fait désormais face à l’interdiction de vol du 737 MAX, dont elle était l’opératrice de lancement en Europe. Elle compte dix-huit appareils dans sa flotte et son programme de vols avait été élaboré en tenant compte de la perspective de la réception de seize exemplaires supplémentaires cette année. Après avoir rejeté l’idée d’en louer pour pallier le manque de capacités entraîné (ce qui avait lourdement participé à la dégradation des comptes dans le cas des 787 en 2018), Norwegian est revenue sur sa décision. Elle a également repoussé la vente de six 737-800 pour les garder un petit peu plus longtemps à son service.
Désormais désireuse de vraiment se concentrer sur la rentabilité de ses opérations plus que sur leur croissance, Norwegian comptait sur la normalisation de l’activité de sa flotte pour booster son programme de réduction des coûts – qui compte également un volet réseau avec la suspension de plusieurs lignes difficiles à rentabiliser comme celle vers Singapour ou celles entre les Antilles et les Etats-Unis. Mais il semble qu’elle n’a pas fini d’éteindre tous les incendies qui se déclarent les uns après les autres.