Cela fait tout juste un mois que le gouvernement norvégien a dit non à une nouvelle demande de soutien financier pour Norwegian. Il s’en est passé des choses dans ce laps de temps… Le groupe a placé ses entités irlandaises sous la protection de la loi locale sur les faillites, a réduit ses opérations norvégiennes au strict minimum et a convoqué une assemblée générale extraordinaire qui doit entériner son plan de redressement. La dernière mesure a été prise le 8 décembre : Norwegian Air Shuttle s’est également placée sous la protection de la loi norvégienne sur les faillites. Cela ne doit pas avoir d’impact sur son activité dans l’immédiat.
Les demandes de protection du groupe ont toutes été acceptées, en Irlande et en Norvège, et celui-ci est désormais à l’abri de ses créanciers, ce qui va lui permettre de se concentrer sur sa restructuration. « Un processus de reconstruction supplémentaire dans le cadre de la législation norvégienne profitera à toutes les parties et augmentera la probabilité d’un résultat positif », estime Jacob Schram, son CEO.
Le nouveau plan de redressement prévoit d’ajuster les opérations à un niveau où la compagnie sera certaine de les rentabiliser. Cela comprendra une réduction de la flotte et une révision des services. Une nouvelle conversion d’une partie de la dette en capital et une nouvelle émission d’actions (pour un montant allant jusqu’à 376 millions d’euros) devraient constituer le volet financier du sauvetage. Le groupe espère assainir suffisamment son bilan pour attirer de nouveaux investisseurs qui lui permettront de rêver de nouveau à la croissance, voire convaincre le gouvernement norvégien de lui octroyer une nouvelle aide.
Norwegian est en grande difficulté depuis 2017 et les plans de redressement qui se sont succédé n’ont pas suffi à lui permettre de résister à ses difficultés opérationnelles. Affecté par une croissance trop rapide qui l’a endetté, le groupe s’est mis à vaciller dangereusement lorsque sa flotte de Dreamliner a été rendue indisponible par des problèmes moteurs puis lorsque ses dix-huit Boeing 737 MAX ont été immobilisés. La crise liée à l’épidémie de covid-19 lui a porté le coup de grâce et les derniers mois ont été particulièrement difficiles pour le groupe et ses employés.
Dès avril, le groupe a fermé ses quatre filiales en Suède et au Danemark, en justifiant cette décision par le manque de soutien des deux gouvernements, ce qui a provoqué la suppression de plus 4 700 postes de navigants. Une aide du gouvernement norvégien avant l’été lui a apporté un bol d’air essentiel durant quelques mois mais la rallonge demandée cet automne a été refusée le 9 novembre, ce qui a provoqué la mise en place de nouvelles mesures de réduction des activités. L’une des conséquences a été la mise en faillite le 18 novembre de Norwegian Air International et d’Arctic Aviation Assets, la société de gestion d’actifs qui détient sa flotte. Le processus d’« examinership », approuvé le 7 décembre, devrait durer cinq mois.
Le groupe ne disposant plus que de six mois de liquidités, il a également décidé de réduire au minimum ses opérations pour les préserver. Cet hiver, seuls six Boeing 737 voleront encore (sur une flotte de 140 appareils avant la crise) pour assurer des liaisons intérieures en Norvège, et 600 personnes seront en activité (contre plus de 10 000 avant la crise).