L’année fiscale de Ryanair commence le 1er avril et s’achève le 31 mars de l’année suivante. L’année fiscale 2021 a donc débuté au plus fort de la pandémie de SARS-CoV-2 et des restrictions de voyage pour s’achever sur la morosité de la troisième vague épidémique en Europe. Cela se ressent dans le bilan de la compagnie, qui a dû prendre des mesures drastiques de réduction des opérations.
Ainsi, Ryanair publie un chiffre d’affaires en chute de 81% à 1,64 milliard d’euros et une perte nette de 815 millions d’euros, hors dépréciation de ses couvertures carburant et change (contre un bilan net positif de plus d’un milliard d’euros en 2019). Le nombre de passagers a chuté proportionnellement au chiffre d’affaires, de 81%, avec 27,5 millions de voyageurs, bien loin des 148,6 millions de 2019. Le coefficient de remplissage perd 24 points de pourcentage, restant à 71%. En revanche, la low-cost a constaté une hausse des dépenses auxiliaires de la part de ses passagers de 11%, ceux-ci ayant été plus enclins à profiter de l’embarquement prioritaire et à réserver leurs fauteuils.
Le choc de la crise a obligé Ryanair, comme ses consoeurs, à travailler encore sur ses coûts afin de maintenir la tête hors de l’eau en attendant la reprise. Elle a ainsi réduit les paies et bonus de ses dirigeants et son personnel a lui aussi consenti des réductions de salaires pour la période de la crise. Des négociations ont également eu lieu avec les aéroports pour réduire les coûts, prendre des mesures de stimulation du trafic et étendre des accords de croissance.
Par ailleurs, Ryanair rappelle qu’elle a augmenté ses commandes de 737-8200 (passant de 135 à 210 appareils), parallèlement à l’obtention d’un dédommagement pour les deux ans de retard dans leur livraison, là encore pour réduire ses coûts dans les années à venir. Dans un communiqué, la low-cost indique attendre le premier de ces Boeing 737-8 à capacité accrue d’ici la fin du mois et espérer en compter une soixantaine d’ici l’été 2022. Mais Michael O’Leary, le président du groupe, s’est déclaré « furieux contre Boeing » car les livraisons ont encore glissé (en raison des problèmes électriques). « Si l’équipe de direction de Seattle continue à si mal gérer ce processus, je pense qu’il y a un risque réel que nous ne voyions aucun de ces avions avant l’été 2021. » La compagnie est pressée de les intégrer à sa flotte car elle pense qu’ils lui permettront « de creuser encore l’écart entre Ryanair et les autres compagnies européennes dans la prochaine décennie. »
Ryanair estime qu’elle est bien armée pour profiter de la reprise lorsqu’elle se présentera. Si les campagnes de vaccination en Europe atteignent leurs objectifs en termes de rapidité de déploiement et que la plupart de la population européenne est vaccinée d’ici septembre, un fort rebond de la demande pourrait survenir au second semestre. La low-cost estime qu’elle aura alors les moyens de proposer des tarifs très bas et de saisir les opportunités de croissance offertes par le retrait total ou partiel de ses concurrentes sur certaines routes et les capacités très diminuées sur le réseau européen. Plusieurs nouvelles bases ont ainsi déjà été annoncées.
Malgré cela, elle reste prudente. Le manque de coordination des gouvernements européens dans l’instauration et la levée des restrictions de voyage empêche les passagers de planifier des déplacements, même si une forte hausse des réservations a été constatée depuis avril. Etant donné le lent démarrage en mars et avril, Ryanair continue de penser que son bilan pour l’année fiscale 2022 sera dans la partie basse de ses prévisions en termes de passagers transportés (entre 80 et 120 millions) et qu’elle réussira au mieux à publier un résultat net à l’équilibre, cet objectif ne pouvant être atteignable que si les restrictions sont levées à temps pour la haute saison (juillet, août et septembre). Elle espère retrouver un rythme de croissance similaire à celui qu’elle connaissait avant la crise durant l’été 2022.