Le « Gamechanger » que Ryanair attendait tant entre enfin dans sa flotte. La low-cost irlandaise a réceptionné le 16 juin son tout premier exemplaire de Boeing 737-8200 à Seattle. Si elle compte énormément sur ce type d’appareils pour son succès, son enthousiasme est tempéré par les retards de livraison qui ne lui permettront pas de profiter au maximum de ses avantages dès cet été.
Ryanair avait en effet initialement commandé 135 exemplaires de ce 737 MAX 8 avec une capacité accrue à 200 places. Les livraisons devaient débuter en 2019 mais l’immobilisation de la flotte mondiale de 737 MAX et la nécessité de re-certifier la famille de monocouloirs a entraîné d’importants retards. Mais dès la levée de l’interdiction de vol fin 2020, Ryanair a commandé 75 appareils supplémentaires. A ce moment, elle pensait qu’elle pourrait en exploiter une trentaine cet été.
Mais le calendrier a continué de glisser, au gré de nouveaux problèmes (électriques) sur le programme. Alors que la certification du 737-8200 par la FAA et l’EASA est intervenue début avril, Michael O’Leary, le directeur général du groupe, s’était déclaré « très en colère » contre Boeing en mai et affirmait qu’il doutait de sa capacité à débuter les livraisons avant le pic de la saison été, une période durant laquelle la low-cost ne réceptionne pas de nouvel avion d’habitude. Aujourd’hui, le groupe table sur la livraison d’une douzaine de 737-8200 cet été, six devant voler aux couleurs de Ryanair et six aux couleurs de Malta Air.
Une cinquantaine d’appareils devrait par la suite être livrée d’ici l’été 2022 (au lieu de soixante annoncés en mai). Le 737 MAX n’accompagnera donc vraiment la reprise éventuelle qu’à partir de l’automne mais le groupe compte grandement sur l’appareil pour accélérer son rebond. Ryanair est en effet convaincue que le 737-8200 lui permettra de creuser l’écart avec ses concurrentes. Pouvant accueillir 197 passagers dans la configuration retenue par la compagnie (qui ne monte pas jusqu’à 200 places pour éviter la présence d’un PNC supplémentaire à bord), il pourra transporter huit passagers de plus que ses 737-800 actuels (avec un pitch réduit à 28 pouces) mais consommera 16% de carburant en moins par siège. Ses émissions sonores seront également réduites de 40%.
Pour cela, Boeing a apporté des modifications au 737 MAX 8, notamment l’ajout d’une paire de portes à l’arrière de l’appareil (garantissant la capacité de faire évacuer l’appareil en moins de 90 secondes en cas de besoin), qui ont nécessité une certification séparée de la FAA et de l’EASA. Elles l’ont toutes deux accordée début avril.
Pour faire revenir les passagers dans ses appareils, Ryanair compte stimuler le marché avec des tarifs très bas. Au début du printemps, Michael O’Leary estimait que la compagnie pourrait retrouver durant l’été 2022 le même niveau de trafic qu’en 2019, au détriment de la recette unitaire. Le 737 MAX est censé l’aider à rendre cette stratégie viable.
En parallèle, le CEO du groupe avait également indiqué en mai qu’il envisageait l’acquisition de 737 MAX 10 (d’une capacité de 230 sièges mais qui ne devrait entrer en service qu’en 2023) pour couvrir les besoins de renouvellement de la flotte sur les quatre dernières années de la décennie.