Ryanair déshabille l’Irlande pour habiller la Pologne. La compagnie low-cost a décidé de limiter à vingt-quatre au mieux le nombre d’appareils stationnés sur sa base historique de Dublin, au lieu de trente actuellement. Une décision motivée par la croissance importante et rentable de ses activités en Pologne, notamment de sa filiale charter Ryanair Sun, et la baisse des réservations et des tarifs constatée en Irlande.
Ryanair souligne que cette baisse est en partie due à la grève des pilotes, qui a entraîné une perte de confiance des passagers et une baisse des réservations de dernière minute (les plus hauts tarifs) et à plus long terme. Trois jours de grève ont en effet eu lieu les 12, 20 et 24 juillet pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de travail.
La low-cost se prépare désormais à gérer les conséquences sociales de sa décision, qui va toucher une centaine de pilotes (sur 350 employés en Irlande) et 200 PNC. Des transferts vers d’autres bases seront proposés pour éviter au maximum les licenciements – vers la Pologne mais pas uniquement. Quant au programme de vols, il devrait subir peu de suspensions totales de lignes mais plutôt des baisses de fréquences.
Au contraire, Ryanair Sun devrait voir sa flotte doubler, passant de cinq appareils cet été à dix pour l’hiver 2018.
Ryanair avait décidé de reconnaître certains syndicats de personnel navigant l’année dernière après avoir traversé une crise opérationnelle due à une pénurie de pilotes, partis chercher de meilleures conditions de travail dans des compagnies concurrentes. Cette démarche s’était accompagnée d’augmentations de salaires.
Michael O’Leary, le PDG de la compagnie, nous avait affirmé que Ryanair ne considérait pas la reconnaissance des syndicats comme une prise de risque : « il est possible de survivre et de croître dans un environnement syndiqué, il faut juste un management fort et capable de faire comprendre aux syndicats qu’ils peuvent nous pousser jusqu’à un certain point, mais pas plus loin. » La première démonstration de force a eu lieu, appuyée par la publication du niveau de paie du personnel navigant. Et elle intervient au moment où c’est au tour des syndicats de PNC en Espagne, en Belgique et au Portugal de se mettre en grève pour deux jours.