Stupeur dans le transport aérien américain. JetBlue a fait une offre de rachat à Spirit Airlines le 5 avril. Elle valorise la compagnie ultra low-cost à 3,6 milliards de dollars et formule ainsi une « proposition supérieure » de 37% à celle de Frontier Airlines en février. Spirit a confirmé la réception de cette proposition non sollicitée et indique l’étudier.
Si l’annonce étonne, c’est que les deux compagnies ont peu en commun, en dehors de leur flotte d’Airbus. JetBlue est connue certes pour ses tarifs attractifs mais aussi pour la qualité de son service, tandis que celui de Spirit, conforme à son modèle ultra low-cost, est souvent décrié. Ainsi, quand JetBlue met 162 voire 150 places dans un A320, Spirit Airlines en place 178 voire 182.
« Bien que JetBlue et Spirit soient différentes à bien des égards, nous avons également beaucoup de points communs, notamment la volonté de maintenir nos coûts à un niveau bas afin de pouvoir nous développer de manière rentable et offrir une alternative attrayante aux quatre compagnies dominantes. Nous procéderons à un examen complet de l’offre de produits de Spirit, de la technologie opérationnelle et de la technologie client, ainsi que de la réserve de talents afin d’optimiser la compagnie aérienne combinée », a déclaré Robin Hayes, PDG de JetBlue.
Le projet de JetBlue est de faire disparaître la marque Spirit et de réaménager ses appareils pour les mettre à ses propres standards. Elle garderait sa propre base à New York mais se renforcerait considérablement en Floride (notamment à Fort Lauderdale, base de Spirit) et diversifierait ses opérations aux Etats-Unis mais aussi dans les Caraïbes et en Amérique latine. Le réseau combiné dépasserait les 1 700 vols quotidiens, vers plus de 130 destinations dans 27 pays.
JetBlue deviendrait ainsi la cinquième compagnie américaine. Sa flotte compterait 455 appareils, des familles A220 et A320, auxquels s’ajouterait un carnet de commandes combiné de 312 Airbus. Son chiffre d’affaires pourrait atteindre 11,9 milliards de dollars, en se basant sur les résultats publiés par les compagnies en 2019, et des synergies annuelles de 600 à 700 millions de dollars pourraient être dégagées.
Elle espère que ce rapprochement permettrait de générer une croissance dans le reste des Etats-Unis aussi importante que celle avec American Airlines à New York et Boston. Avec la Northeast Alliance, elle prévoit en effet d’augmenter de 50% ses vols dans les aéroports newyorkais et d’embaucher jusqu’à 5 000 membres du personnel navigant en 2022. « Nous considérons qu’une combinaison avec Spirit complète parfaitement la Northeast Alliance », juge Robin Hayes.