Turkish Airlines avait invité la presse européenne à Istanbul la semaine dernière pour rassurer sur la capacité de la compagnie à surmonter les événements tragiques survenus en Turquie ces derniers mois. Ilker Ayci, le président du conseil d’administration de la compagnie, a reconnu que si les prochains mois allaient être décevants, 2017 s’annonçait comme une bonne année, durant laquelle Turkish Airlines devrait enregistrer des performances similaires à celles de ces dernières années et qui ont fait d’elle l’un des fleurons de son pays.
La situation géopolitique aux frontières de la Turquie avait déjà bien refroidi les envies de voyage dans la région lorsque sont survenus coup sur coup l’attentat à l’aéroport d’Istanbul du 28 juin et la tentative de coup d’état du 15 juillet – qui semble préoccuper beaucoup plus la direction de la compagnie aérienne. Ainsi, au premier semestre, la compagnie avait déjà publié une perte de 644 millions d’euros et avait révisé de près de dix millions à la baisse son objectif en nombre de passagers annuels cette année.
Un plan de restructuration avait été décidé pour application au mois de juin mais il a dû être repoussée à plus tard dans l’été et devrait commencer à porter ses fruits au quatrième trimestre 2016. Si Ilker Ayci est resté assez vague sur les mesures qu’il comporte, il a assuré qu’il concernait surtout des réductions de coûts et que le chiffre d’affaires continuerait à augmenter. Pourtant, l’une des décisions consiste en une forte réduction des capacités vers l’Europe du sud cet hiver, dont l’ampleur dépasse le simple effet de saisonnalité. Le service passera de 400 à 300 vols hebdomadaires, avec des suspensions de dessertes, notamment vers Bordeaux, et des réductions de fréquences.
« Nous allons laisser derrière nous cette année 2016 »
Mais tout cela n’a pas vocation à perdurer. « Cette année a été particulièrement difficile. Toutes les organisations terroristes nous ont attaqués. Mais nous sommes déterminés, nous sommes forts et nous allons continuer à connaître une croissance à deux chiffres, même si ce ne sera pas le cas en 2016. » Ilker Ayci a en effet précisé que l’augmentation de l’offre cette année serait de 7%. Encore faut-il que le trafic suive le rythme.
Tous les indicateurs ne sont pas au rouge. Turkish Airlines a enregistré des records de passagers durant l’Aïd al-Adha en septembre et la réouverture du marché russe est un signal positif. La compagnie attend également beaucoup des touristes allemands. Mais avec une Europe qui reste en perte de vitesse et les difficultés du marché nord-africain, traditionnellement fort, la compagnie devra se tourner ailleurs pour trouver la croissance.
Si l’Asie semble un marché évident (la Chine et l’Inde sont visées), la desserte de l’Amérique latine va grandement s’étoffer. Après le lancement de vols vers Bogota et Panama City cette année, La Havane et Caracas devraient intégrer le programme en décembre. La compagnie envisage même de desservir Mexico et Cancun à partir de 2017. « L’Afrique promet également beaucoup » et sera témoin de l’ouverture d’une ligne vers Zanzibar (dans la continuité de la desserte de Kilimandjaro) et les Seychelles.
« Tout cela présage d’une bonne année 2017 », affirme le président de Turkish Airlines. Si la situation ne se détériore pas de nouveau, la difficulté sera d’accueillir cette expansion dans les meilleures conditions, l’aéroport d’Istanbul Atatürk étant complètement congestionné. Une nouvelle zone est en création sur la plateforme pour augmenter ses capacités de 70 à 75 millions de passagers annuels mais les plus grands espoirs reposent sur le troisième aéroport qui doit ouvrir ses portes au second semestre 2018 avec une capacité initiale de 90 millions de passagers.
Pour Ilker Ayci, 2016 n’est donc qu’une zone de turbulences : « des événements d’un soir ne nous feront pas oublier nos clients. Dès le 16 juillet, Turkish Airlines assurait ses 1 400 vols quotidiens et l’activité se poursuit normalement depuis. » Et l’ambition reste la même que celle de ces dix dernières années – qui ont vu le réseau et la flotte quadrupler et le chiffre d’affaires décupler : « je veux que Turkish Airlines soit la première compagnie du monde. »