En cinq ans, Vinci Airports a réussi à se faire une place de choix dans le secteur aéroportuaire. La division du groupe Vinci en charge des concessions aéroportuaires a connu une croissance très rapide, décrochant la place de 4e opérateur mondial actuellement alors que cette part de l’activité du groupe restait plutôt méconnue jusqu’en 2013. Nicolas Notebaert, son président, est venu présenter cette ascension fulgurante et ses perspectives le 21 février devant l’AJPAE, alors que le groupe Vinci avait publié quelques jours plus tôt ses résultats annuels.
L’activité Vinci Airports reste relativement réduite dans le groupe, avec un chiffre d’affaires de 1,055 milliard d’euros (sur les 38 milliards d’euros générés par Vinci). En revanche, ses performances sont exemplaires. Ce chiffre d’affaires a pris 14,2% par rapport à 2015 et a été multiplié par dix en sept ans, témoignant du fort développement de l’activité. Elle dégage une marge d’EBITDA de 53,3% et un résultat net de 368 millions d’euros en progression de 27,1%.
Nicolas Notebaert rappelle que Vinci Airports a ses origines dans les concessions aéroportuaires cambodgiennes, héritées en 1995. L’activité s’est doucement développée dans le pays (où il exploite désormais trois aéroports) puis en France, où Vinci Airports a décidé en 2004 de se positionner sur les délégations de service public, lorsque le marché s’est ouvert. « Mais le grand bond en avant a été l’acquisition des aéroports du Portugal en 2013, un mouvement stratégique important de 3 milliards d’euros qui nous a fait entrer dans la catégorie des grands acteurs aéroportuaires », souligne le président de Vinci Airports. L’acquisition d’ANA a en effet enrichi le portefeuille de la société de dix plateformes. « Depuis 3 ans on a accéléré » : d’autres investissements se sont succédé, sur un secteur élargi géographiquement, couvrant le Japon, le Chili et la République dominicaine. Désormais, Vinci Airports détient les concessions de 35 aéroports dans six pays et accueille 132,2 millions de passagers.
L’un des critères essentiel pour Vinci Airports dans ses projets de concession est la durée. « Nous bénéficions de durées assez exceptionnelles : 44 ans au Japon, 50 ans au Portugal, 55 ans à Nantes, 31 ans à Lyon. Elles nous permettent de garantir la pérennité de notre activité jusqu’en 2060-2065 ».
Les pays en développement, priorité pour la croissance de Vinci Airports
Les prochaines opportunités de croissance de Vinci Airports se situent dans les pays en voie de développement à forte croissance : « ils ont besoin de capitaux et de savoir-faire notamment opérationnel et technique », explique Nicolas Notebaert. « Des pays comme l’Inde, la Malaisie, la Turquie ont développé ces modèles de concession qui leur ont permis de se doter d’aéroports modernisés dans les standards mondiaux avec beaucoup d’investissements beaucoup plus tôt que prévu. La croissance fait que les besoins en investissements sont plus forts encore que dans les pays développés et se font sous un régime de concession qui fonctionne bien », ajoute-t-il.
En 2017, Vinci Airports s’intéressera notamment aux aéroports régionaux brésiliens, le Brésil offrant un grand potentiel par sa taille et sa population et ayant connu plusieurs années de récession. « L’Amérique latine est très mature pour les concessions et a une belle croissance donc s’il y a des opportunités, nous les regardons évidemment », commente son président. Tout comme l’Asie ou comme l’Iran, où Vinci est en discussion. Mais l’un des plus grands potentiels se situe en Afrique : « dans les prochaines années, il y aura surement des concessions en Afrique parce que c’est l’endroit où le trafic aérien va le plus augmenter. La question est de savoir si le cadre juridique et politique de ces concessions permettra de faire ce qu’on a fait au Cambodge et si elles concerneront des lieux touristiques. »
Cependant, les pays développés offrent également des opportunités. « La plupart sont très endettés et ont d’autres priorités aujourd’hui : la sécurité, la santé, l’éducation. Ils ont des actifs qu’ils peuvent céder ou dont ils peuvent ouvrir le capital, ou d’autres projets d’investissements et, plutôt que de s’endetter encore plus, ils voient de plus en plus l’intérêt de céder ces actifs. » C’est ce qu’il s’est passé au Portugal, qui a cédé ANA en pleine crise de l’euro. Aujourd’hui, le trafic se développe et la récession fait partie du passé – notamment grâce au report du tourisme méditerranéen sur le pays. L’octroi de la concession de l’aéroport de Kansai, au Japon, a suivi la même logique, le gouvernement ayant cédé la dette de la plateforme avec la concession.
Le trafic dans les aéroports gérés par Vinci Airports a enregistré une croissance moyenne de 10% en 2016 mais la société ne croit pas à une croissance durable à deux chiffres sur cinquante ans. Néanmoins, elle s’appuie sur une donnée : le transport aérien se développe 1,5 à 2 fois plus vite que l’économie. C’est pourquoi elle compte bien renforcer encore sa position dans le secteur.